L’art, comme la science, est un acte de recherche.
Pourtant, comme pour la science, ce que l’on en dégage principalement c’est le résultat final, le produit sorti de sa gangue de matière ou de réflexion.
Le processus qui y conduit reste lui, mystérieux.
Le processus de création, il est vrai, est souvent difficile à décrire et à formaliser de façon simple. Sa divulgation peut sembler superflue. Ce n’est cependant pas toujours le cas. En effet, les activités d’exploration, de découverte et d’innovation comptent parfois plus que les résultats qu’ils génèrent.
Que recouvre ce processus ? Le travail d’articulation et de mise en perspective des idées en matière de culture, d’industrie, d’éducation et de société peut être considéré comme une sorte d’expérimentation dans laquelle le catalyseur du changement, du mouvement, de l’innovation, est un ensemble de processus créatifs que nous associons habituellement à l’art et à la science. Cette rencontre, qu’on appelle artscience, a trouvé comme lieu d’exercice le laboratoire.
Dans notre laboratoire, le public est invité à connaître et à s’approprier l’ensemble du processus qui conduit à la naissance d’une œuvre, d’un objet, d’un concept.
Pour ce faire, il associe les démarches artistique et scientifique dans un même projet en réunissant de grands artistes à de grands chercheurs.
le laboratoire est tout à la fois un lieu de recherche expérimentale et un lieu de présentation des œuvres. Il a pour vocation de susciter des évolutions dans la culture, l’industrie, la société et l’éducation, avec le soutien de partenaires qui portent leur intérêt sur les processus d’exploration davantage que sur les produits qui pourraient en sortir.
/// LA SAISON 1 DU LABORATOIRE
Le Laboratoire a ouvert ses portes l’année dernière avec le projet du plasticien Fabrice Hyber et du chercheur et professeur au MIT Robert Langer. Leur propos était de faire partager (métaphoriquement) le processus de division cellulaire et de transformation d’une cellule souche en neurone.
Le designer Mathieu Lehanneur a collaboré avec David Edwards à la conception d’un objet qui rend les plantes “plus intelligentes”, un système de filtration végétale de l’air particulièrement efficace, qui a notamment été présenté à l’exposition Design and the Elastic Mind du MOMA de New York et qui s’est vu décerner le titre d’Invention de l’année par Popular Science au printemps 2008.
Le photographe James Nachtwey a collaboré avec plusieurs chercheurs en médecine des pays en voie de développement. Cette collaboration s’est traduite par la présentation d’une exposition de photos particulièrement saisissantes, et, en octobre, ira à Bangkok dans le contexte d’une conférence mondiale organisée par la fondation Gates.
Le chef Thierry Marx, doublement étoilé au Michelin, a collaboré avec le physicien des colloïdes Jérôme Bibette pour inventer une nouvelle forme d’encapsulation des saveurs, alors que des étudiants en arts et en science de l’université de Harvard travaillaient avec David Edwards à l’invention d’une façon de déguster des saveurs par aérosol.
L’art comme la science sont donc vus au travers des processus mis en œuvre. Le résultat, que ce soit une œuvre, une installation ou un objet de design industriel, n’est évidemment pas mineur, mais il perd un peu de son sens si l’on fait abstraction du processus expérimental dont il est issu.
Ryoji Ikeda
Posté sur : le vide poches / planning stratégique
Posté par : Loïc LAMY
source : Le Laboratoire