Le nouveau statut d’auto-entrepreneur n’en finit de faire de nouveaux adeptes à hauteur de 2000 déclarations par jour. Parmi eux, certains tireront le meilleur parti de ce statut pour développer qui une activité complémentaire, qui un véritable projet professionnel, tandis que d’autres constateront avec amertume qu’il ne suffit pas de simplifier les formalités de création d’entreprise pour devenir entrepreneur et pérenniser son entreprise. Plusieurs qualités distinguent l’auto-entrepreneur gagnant de celui dont les recettes seront englouties par des charges importantes et une fiscalité moins avantageuse qu’il n’y paraît, malgré tous ses efforts.
L’auto-entrepreneur gagnant a mûri son projet. Il n’a pas attendu l’entrée en vigueur du nouveau dispositif pour réfléchir à l’activité qu’il pouvait développer et piocher une idée sur des listes qui proposent « 50 idées d’auto-entreprises » (si, si ça existe !). L’auto-entrepreneur a tout d’abord réfléchi aux produits ou aux services qu’il allait proposer, il a ensuite vérifié l’existence d’un marché puis il a couché ses prévisions financières sur le papier tout en faisant preuve de prudence et de réalisme quant à ses objectifs commerciaux. Il a ensuite travaillé à sa stratégie commerciale pour identifier le meilleur moyen d’atteindre ces objectifs, et les dépasser avec un peu de chance…. Après toutes ces étapes et sans n’en brûler aucune, il a ensuite réfléchi au statut juridique de sa future entreprise en comparant les différentes possibilités et en prenant en compte sa situation personnelle. Finalement, il a opté pour le statut d’auto-entrepreneur pour retarder la création d’une société et affiner un peu plus son projet en attendant un contexte économique plus favorable. Néanmoins ce statut lui permet de mettre en place ses premières actions commerciales en toute légalité.
L’auto-entrepreneur gagnant a peu de charges et ne réalise pas de gros investissements qui fragiliseraient sa trésorerie. L’auto-entrepreneur commerçant a conscience de tous les paramètres : il paye des charges et des impôts en proportion de son chiffe d’affaire et non de ses bénéfices d’une part, il ne peut récupérer la TVA ni la facturer à ses clients d’autre part. Avec un CA annuel plafonné à 80.000 euros, il doit préserver sa marge bénéficiaire s’il veut pouvoir dans le meilleur des cas empocher aux alentours de 1100 euros nets par mois. Il réfléchira donc à deux fois avant de commercialiser des produits dont l’acquisition pèsera lourdement sur sa trésorerie. Il ne commettra pas non plus l’imprudence de réduire ses marges pour mieux rivaliser avec la concurrence. En effet en pratiquant des marges faibles au début de son activité, il fait rentrer moins d’argent mais s’expose à devoir vendre plus et à mobiliser toute sa trésorerie pour acheter du stock. Il affaiblirait non seulement sa trésorerie d’entrée de jeu mais serait très vite obligé de revenir à des marges plus importantes, ce qui pourrait s’avérer néfaste en termes d’image auprès des clients.
L’auto-entrepreneur commerçant-créateur, qui fabrique ses propres produits, veillera à privilégier des créations peu coûteuses en temps et en matières premières et se gardera de vendre en auto-entrepreneur des créations à forte valeur ajoutée. S’il ne peut se résoudre à fabriquer des objets moins élaborés et qui ne reflètent pas l’étendue de son talent, il optera plutôt pour un autre statut. Quant à l’auto-entrepreneur prestataire de services, il sait son CA plafonné à 32.000 euros et taxé à 23% (IR inclus), il sera très attentif à ses charges fixes et au mode de calcul pour fixer le prix de ses prestations (tarif horaire, commission, tâche). Il ne bradera pas son prix horaire, même si la concurrence l’y pousse, pour ne pas avoir à travailler 12 heures par jour pour un salaire qui ne sera de toute façon pas très supérieur au SMIC.
L’auto-entrepreneur gagnant s’adapte. Il sait que la concurrence sera rude et que la consommation n’est pas à l’abri d’une baisse significative en 2009 malgré les relatifs bons chiffres du e-commerce en 2008. Tout en veillant à ne pas grever son budget avec des outils de communication coûteux, il soignera néanmoins son image et son message. Il fera donc régulièrement le point sur sa stratégie commerciale et ses outils de communication afin d’ajuster le tir. Même s’il a des ambitions internationales, il saura jouer la carte de la proximité pour ne pas passer à côté d’opportunités qui lui permettront de passer un cap difficile. Ainsi il ne négligera pas les supports de communication qui sont à Internet ce qu’est l’invention de la roue à la révolution industrielle : bouche à oreille, journaux de petites annonces, affichette à la boulangerie, centres sociaux-culturels,…
L’auto-entrepreneur gagnant a encore beaucoup d’autres qualités : il tisse un réseau relationnel durable, il travaille en réseau et évite l’isolement, il sait se faire conseiller pour ne pas à avoir à réinventer la poudre au gré de ses besoins, … et il sait garder du temps pour lui et pour sa famille, histoire ne pas exploser en plein vol.
De même, l’auto-entrepreneur gagnant ne s’interdit pas de rêver, il veille à cultiver son capital créatif, son esprit critique et ne mise pas tout sur une opportunité du moment. Il ne cède pas aux effets de mode, il garde le cap et utilise l’auto-entrepreneuriat pour ce qu’il est : un outil parmi beaucoup d’autres.