C’est
la loi sur l’égalité des chances de 2006 qui l’a rendu obligatoire pour
les entreprises de plus de 50 salariés, mais le décret permettant son
application n’a jamais été publié (cela fait plus de 3 ans).
L’accord
national interprofessionnel signé par les partenaires sociaux le 11
octobre 2006 prévoyait que le CV anonyme soit essayé dans les
entreprises volontaires et fasse l’objet d’un bilan, au plus tard au 31
décembre 2007. Mais là encore, cette évaluation n’a jamais été faite.
De manière générale (mais cela peut aller plus loin), les mentions effacées sont : l’âge et la date de naissance, la photo, la situation de famille, la nationalité, le sexe.
Pour
nous, le CV anonyme n’est absolument pas une fin en soi. Ce n’est qu’un
complément à une politique plus globale de lutte contre les
discriminations.
L’intérêt
réside cependant dans la possibilité pour certains de passer la
première étape du recrutement et de parvenir ensuite à faire ses
preuves à l’oral en entretien. Mais soyons clairs, cela peut simplement
déplacer d’une étape la discrimination, voire donner bonne conscience
aux recruteurs qui pourront dire avoir reçu le candidat…
Il existe aussi des difficultés :
- Le coût de la mesure : Rendre anonyme les CV reçus coûte assez cher aux PME (autour de 20 centimes et plusieurs euros le CV).
-
La réelle efficacité du CV anonyme : soit on demande à tout le monde
d’envoyer un CV anonyme (ce qui est complexe, à la fois pour
contraindre ceux qui ne le souhaitent pas et pour la transmission à
part de l’adresse, n° et e-mail), soit cela suppose un traitement
coûteux et surtout met quasi-systématiquement « à jour» ceux qui sont
d’origine immigrée ou de quartiers difficiles et pour qui les CV
anonymes sont proposés…
Un dessin de Chimulus (pour Rue89) illustre très bien ce dernier fait (ci-dessous) :
Jean-Louis Bianco & Nicolas Cadène