Jacques Attali - Survivre aux crises

Dans une note précédente, j’essayais de définir le bon état d’esprit pour une bonne gestion des crises. J’ai récemment trouvé des éléments de réponse non pour bien les gérer mais pour y survivre. Traverser une crise est déjà une épreuve en soi. En sortir débout est déjà un pas avant d’aborder la question de la navigation par gros temps. Si la question vous intéresse, je vous suggère le livre Survivre aux crises de Jacques Attali aux éditions Fayard.

Jacques Attali - Survivre aux crises

Ce qu’en dit le quatrième de couverture

La crise actuelle se terminera un jour, laissant derrière elle d’innombrables victimes et quelques rares vainqueurs. Pourtant, il serait possible à chacun de nous d’en sortir dès maintenant en bien meilleur état que nous n’y sommes entrés. A condition d’en comprendre la logique et le cours, de se servir de connaissances nouvelles accumulées en maints domaines, de ne compter que sur soi, de se prendre au sérieux, de devenir un acteur de son propre destin et d’adopter d’audacieuses stratégies de survie personnelle.

Mon propos n’est donc mas ici d’exposer un programme politique pour résoudre cette crise et toutes celles qui viendront, ni de vagues généralités moralisantes, mais de suggérer des stratégies précises et concrètes permettant à chacun de « chercher des fissures dans l’infortune », de se faufiler entre les écueils à venir, sans s’en remettre à d’autres pour survivre, pour sur-vivre.

Et d’abord pour survivre à la crise actuelle.

J.A.

Mon avis

Jacques Attali nous brosse un tableau peu encourageant du présent et de l’avenir proche. Les dérives sont nombreuses et graves, la Crise, avec un C majuscule, a débuté et est bien partie pour durer. Dans ce contexte de difficulté et d’incertitude, la crise, sans majuscule cette fois, va tendre à devenir un mode de fonctionnement normal.

Si le sujet donne lieu à une myriade de débats et commentaires provoquant parfois une indigestion au bibliovore que je suis, c’est parce que ces documents ne sont le plus souvent que descriptifs, ou alors si normatifs qu’on n’y trouve plus d’espace d’expression. Entre les deux, peu de bons ouvrages. Ce livre présente l’intérêt d’exposer à partir du troisième chapitre un ensemble cohérent de valeurs qu’il est utile de développer pour survivre aux crises :

  • le respect de soi,
  • l’inscription dans le temps,
  • l’empathie,
  • la résilience,
  • la créativité,
  • l’ubiquité,
  • la pensée révolutionnaire.

Contrairement à l’accoutumée, ces valeurs ne sont pas juste appliquées à un domaine spécifique : politique pour haut fonctionnaire, gestion d’entreprise pour dirigeant en difficulté, carrière pour salarié licencié, rupture pour amoureux transi, que sais-je encore ? Elles sont au contraire déclinées à différents niveaux, de l’individu à la nation pour en démontrer la portée générale.

En professionnel de la question et au regard  des quelques crises d’ordre personnel que j’ai pu traverser en un peu moins de trente ans, je rejoins en grande partie l’auteur sur l’intérêt de ses valeurs. Survivre, c’est vivre avec la volonté farouche de s’en sortir. Sans respect de soi, point de salut. Survivre, sur-vivre, c’est vivre plus intensément tout en gardant la conscience du temps long, de là d’où on vient et de là où on veut aller. Survivre, c’est comprendre son environnement, en appréhender les dangers mais aussi les opportunités de soutien. Survivre, c’est se relever quand on tombe et se remettre en route aussitôt. Survivre, c’est imaginer des solutions originales à des problèmes nouveaux. Survivre, c’est ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier et se tenir prêt à changer quand le besoin devient pressant. Survivre enfin, c’est se rebeller et dire « non » quand il le faut.

Plutôt qu’un livre de plus sur la crise, c’est donc un petit traité sur l’état d’esprit du survivant que je vous invite à lire. A titre personnel, il m’a permis de mettre le doigt sur des notions pressenties mais que je ne parvenais pas à expliciter. Fort de cette plus grande clarté, je ne doute pas d’être plus à même d’affronter la prochaine tempête.

Sommaire de l’ouvrage

Introduction

Chapitre 1 : Anticiper : après la crise, les crises

1 – Après la crise

A. L’état des lieux
Jacques Attali

Image via Wikipedia

  • L’avalanche
  • La situation économique mondiale à la fin octobre 2009
B. L’Occident reste incapable de maintenir son niveau de vie sans s’endetter.
  • Rien ne vient enrayer l’épuisement de l’Occident…
  • …financé par des emprunts transférés des ménages aux banques, puis des banques aux Etats, et que rien ne vient maîtriser…
  • …et sans qu’aucune régulation efficace, ni nationale ni mondiale, vienne recréer les contraintes nécessaires
C. Le pronostic pour 2010 et 2011 reste incertain.
  • Un scénario optimiste : le U
  • Le scénario pessimiste : le double plongeon en W

2 - …les crises

A. D’autres crises économiques
  • L’insuffisance des fonds propres des entreprises
  • L’explosion de la « bulle » chinoise
  • Des tentations protectionnistes
  • L’hyperinflation
  • L’effondrement du dollar
  • La faillite de la FED
B. Une crise énergétique majeure : les peak oil
C. Une crise écologique majeure
D. La crise de la santé et de l’éducation
E. Une pandémie incontrôlable
F. Crises politiques et militaires

Chapitre 2 : S’inscrire dans le mouvement

A. Grandes tendances pour le monde
  • L’explosion démographique
  • Les progrès techniques : les NBIC
  • L’amélioration de l’efficacité dans l’usage de l’énergie et des matières premières
  • Une accélération de la croissance des secteurs et des métiers d’avenir
  • Le basculement géopolitique
  • Un nouveau Moyen-âge
B. L’évolution idéologique
  • La liberté individuelle restera la valeur dominante
  • L’optimisme et la déloyauté des puissants, la vulnérabilité des plus faibles
  • La remise en cause de l’idéologie de la liberté individuelle et de ses élites

Chapitre 3 : Les stratégies de survie

1 – Les stratégies passives

A. Le renoncement à soi
B. Le renoncement au monde
C. La repentance
D. L’espérance en autrui

2 – Les stratégies positives à caractère politique

A. L’exaspération
B. L’action politique
C. La révolution

3 – Les stratégies positives à caractère personnel

Chapitre 4 : Pour survivre – Les gens

Premier principe : se prendre soi-même au sérieux
Deuxième principe : donner de l’intensité au temps
Troisième principe : se faire une opinion personnelle du monde par l’empathie
Quatrième principe : être capable de résister à une attaque – la résilience
Cinquième principe : détourner toute menace en opportunité – la créativité
Sixième principe : ne pas se contenter d’une seule identité – l’ubiquité
Septième principe : penser révolutionnaire

Chapitre 5 : Pour survivre – Les entreprises

1 – Les principes de survie

Premier principe : définir ses valeurs – l’autorespect
Deuxième principe : valoriser le temps
Troisième principe : comprendre son environnement et les risques qu’il lui fait courir – l’empathie
Quatrième principe : être en situation de résister à toute attaque sans être détruit – la résilience
Cinquième principe : apprendre à transformer les menaces en opportunités – la créativité
Sixième principe : vouloir l’ubiquité
Septième principe : penser révolutionnaire

2 – Une gouvernance adaptée

3 – Les secteurs d’avenir

Chapitre 6 : Pour survivre – Les Nations

1 – Repenser l’action publique

Le respect de soi
Valoriser le temps
L’empathie
Résilience
Créativité
L’ubiquité
Penser révolutionnaire

2 – L’avenir des grandes villes

Chapitre 7 : Survivre ensemble

Le respect de soi
Le plein usage du temps
L’empathie
La résilience
La créativité
Ubiquité
Penser la révolution

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