J'ai été très surpris du contenu de cet article, et j'ai le sentiment qu'en voulant rendre accessible la problématique (ce qui est très louable), l'auteur nous a laissé sur notre faim. Je vous propose d'analyser point par point quelques-uns des arguments avancés :
La maîtrise de vos informations
- l'auteur nous informe que sur ces réseaux il est parfois "difficile de garder le contrôle de l'information que l'on met à disposition" : à mon sens, le véritable problème vient surtout des autres réseaux sociaux, comme Facebook ou des blogs personnels des candidats, où des informations personnelles (photos, opinions politiques...) sont souvent disponibles. Dans ce cas, l'un des conseils qu'on peut donner, c'est de cloisonner complètement vie privée et vie professionnelle, en ne vous enregistrant jamais sous votre nom dans Facebook, et ne communiquant que sous un pseudo, en prenant garde que votre adresse email de contact soit elle aussi anonyme. Un excellent exemple de ce qu'il faut faire ? Le site hashtable : l'auteur prend des positions politiques très fortes, critiquant parfois le pouvoir, et pourtant il travaille dans une énorme institution d'Etat... Et pourtant impossible de savoir qui se cache derrière.
Est-ce suspect d'avoir son profil sur ces réseaux sociaux ?
- Le fait d'être présent sur un de ces réseaux sociaux professionnels vous rend suspect à l'égard de votre employeur (et déloyal) : bon, je n'ai probablement pas bien compris le sens de cet argument, mais fort heureusement, si tous ceux qui sont présents sur un réseau social professionnels sont suspectés de vouloir démissionner, alors il y a beaucoup de suspects ! Je suppose que l'auteur de l'article voulait nous mettre en garde de ne pas mentionner explicitement sur LinkedIn ou Xing qu'on était en recherche de poste (pour ceux qui ont déjà un job)... C'est probablement évident pour la plupart d'entre-vous, mais ça ne fait pas de mal de le redire, d'autant que votre DRH connait probablement aussi ces réseaux sociaux.
Soyez méthodique
- "Être sélectif dans la manière choisie de mettre son CV en ligne" : si vous n'êtes pas en poste et que vous recherchez un emploi, ce conseil est effectivement utile : non seulement il faut savoir sur quel type de site vous avez déposé votre CV, mais aussi où, pour pouvoir le retirer une fois votre recherche terminée. Car rien de plus discréditant qu'un vieux CV oublié lors de votre recherche d'emploi 5 ans auparavant et que vous ressort le recruteur en comparant avec celui que vous lui avez envoyé...
Pour se faire repérer quand on est en poste, il ne faut pas faire connaître explicitement ses disponibilité sur ces réseaux !
- là où je ne suis plus du tout d'accord avec l'auteur et là où il ne peut y avoir d'interprétation, c'est lorsqu'il indique que pour que le CV d'un candidat soit repéré, il faut faire connaître sa disponibilité. Concernant les réseaux sociaux professionnels, c'est complètement absurde ! Et c'est justement là tout l'intérêt de ce type d'outil. Si on veut se faire repérer dans un réseau social, qu'on recherche un emploi tout en étant en poste, il ne faut bien sûr pas l'annoncer sur sa page, mais adopter d'autres stratégies.
Quelques stratégies à adopter pour la recherche d'emploi avec les réseaux sociaux professionnels
- Utiliser les forums des réseaux sociaux (parfois appelés "hubs") pour se rendre visible
Sur Viadeo (qui n'est pas le réseau social le plus utilisé en Suisse mais qui commence à frétiller), la participation à certains "hub" (sortes de forum où chacun peut poser des questions, répondre etc...) peut vous procurer une très grande visibilité dans la communauté qui y est abonnée. L'idée est ici, par exemple, de répondre à des questions en relation avec votre savoir-faire, posées par d'autres membres de ce forum, et de mettre en avant ses compétences.
- Utiliser dans son profil des mots clés en relation avec votre métier
Ils favoriseront l'apparition de votre profil dans les recherches faites sur ces sites par les professionnels, ainsi que sur les moteurs de recherche comme Google (car les profils des personnes inscrites sur ces réseaux sociaux sont bien indexées dans les moteurs).
Globalement, il me paraît très clair que beaucoup de candidats n'utilisent pas correctement les réseaux sociaux professionnels, et les utilisent même parfois de manière contre-productive, voici un exemple personnel vécu.
Les réseaux sociaux proposent des outils spécifiques à l'usage des professionnels RH
Ce que je trouve dommage, c''est que l'auteur, un professionnel du recrutement, aurait pu nous en dire un peu plus, et notamment que certains de ces réseaux sociaux mettaient à la disposition des professionnels des ressources humaines des outils de recherche très élaborés (sous forme de services payants), qui permettent aux professionnels de rechercher avec des critères très précis des professionnels inscrits sur ces réseaux. Ce qui renforce l'intérêt d'utiliser des mots-clés explicites dans son profil.
Les professionnels RH, en Suisse ou ailleurs, devront mieux utiliser les réseaux sociaux professionnels... ou disparaîtront
Sans vouloir être polémique, les professionnels du recrutement qui ne sauront pas prendre le virage technologique, sont condamnés à disparaître : auparavant, l'une des grandes valeurs ajoutées des agences de placement pour du personnel de type middle management ou employé spécialisé, consistait à trouver les profils adéquats, que ce soit en Suisse ou à l'étranger : et cette activité pouvait prendre beaucoup de temps. Aujourd'hui, avec les réseaux sociaux professionnels, vous pouvez identifier la plupart des professionnels, où qu'ils soient dans le monde. Et pour cela, pas besoin d'être un as des RH. Par contre, pour le recrutement, difficile de remplacer les professionnels, mais pour le coup, l'entreprise qui auparavant utilisait les services d'un cabinet de recrutement pourrait de nouveau s'en charger... Car de toute façon, l'entreprise "finale" fait passer des entretiens, donc...
Les agences de placement sont attaquées sur le terrain de la recherche par les réseaux sociaux, et sur celui des offres par les sites portails d'offres d'emploi sur le web, ainsi que sur les moteurs de recherche d'emploi, dont la technologie est assez bluffante (voir par exemple le site Simply Hired). Elles devront s'adapter à la nouvelle donne, et aussi développer d'autres services comme du conseil au recrutement, des méthodologies de test..., ce que beaucoup font proposent déjà.
En termes d'utilisation de ces réseaux sociaux pour la recherche d'emploi, tout reste à inventer
Les candidats ont entre les mains des outils incroyables de recherche qui leur permettent de détecter jusqu'à leur hypothétique supérieur hiérarchique dans une boîte donnée, ou encore de retrouver les personnes qui ont fait les mêmes études qu'eux et qui travaillent dans l'entreprise qu'on vise... Alors utilisez votre imagination, et n'oubliez pas que plus que jamais, c'est la maîtrise de l'information qui fera la différence.
Pour aller plus loin, nous abordons ce sujet de manière précise en vous proposant des stratégies à adopter dans notre ouvrage "Décrocher un emploi en Suisse".