Une question de parité
Pour Laurence Parisot, le coté obligataire de ce congé est voulu essentiellement dans un but de parité. Dans son interview, la patronne des patrons estime une "modernisation du congé maternité" nécessaire. D'après elle, le dispositif actuel "freine trop souvent l'évolution de la carrière des femmes". Ainsi, "l'instauration d'un congé paternité obligatoire – pour commencer, moins long que celui de la mère – permettrait de rétablir un regard plus égalitaire sur les jeunes parents".
D'après un sondage réalisé par l'observatoire sur la responsabilité sociétale des entreprises (ORSE), en 2010, sur 165 accords d'entreprises, 63 % comportaient des dispositions quant aux congés de paternité, contre 29 % en 2007 et 20 % en 2002. Selon cette enquête, 81 % des français estiment que si les pères s'investissaient davantage dans leur vie de famille, l'égalité entre les hommes et les femmes serait mieux respectée au travail.
D'après une étude réalisée sut 21 pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les hommes passeraient en moyenne 42 minutes par jour avec leur bébé, contre 1h40 pour les femmes, préférant en laisser la garde à la famille, à l'assistante maternelle ou à la nounou.
Un congé rallongé
De plus en plus proposé par les entreprises, ce congé de paternité reste à ce jour facultatif et volontaire. D'une durée de 11 jours, il ne peut être pris que dans les 4 mois suivant la naissance. Parallèlement à la proposition de Françoise Parisot, la secrétaire nationale de la CFDT cadres, Monique Boutrand, a, elle, évoqué l'idée d'un allongement de ce congé à 2 mois. Pour cette dernière, "tant que la femme portera seule le risque potentiel d'une absence longue pour cause de parentalité, quelles que soient ses compétences, elle ne pourra représenter le profil du cadre efficace et investi dans son travail".
Des propositions "intéressantes"
Pour le ministre du Travail , Xavier Bertrand, "se mettre à la place des femmes et prendre en compte la conciliation entre la vie professionnelle et la vie personnelle, c'est important". Le ministre s'est également dit "prêt à en discuter", la proposition émanant des"des partenaires sociaux et visiblement des entrepreneurs". Selon le délégué général de l'ORSE, François Fatoux, il s'agirait là "très clairement (d')une réelle avancée dans la lutte contre les discriminations faites aux femme. (...) Le caractère obligatoire et l'allongement sont tous deux intéressants, et doivent être associés. Pourquoi ne pas imaginer un mois de congé paternel avec une interdiction légale de travailler pendant 15 jours ?".
Un financement et une responsabilité paternelle discutés.
Pour le public et les chefs de petites et moyennes entreprises (PME) et de très petites entreprises (TPE), le principal obstacle à cette réforme serait son financement. Beaucoup s'interrogent en effet sur qui pourra prendre en charge ces congés, la sécurité sociale, les entreprises ou bien le contribuable ? D'autre part, beaucoup de commentaires et réactions sur les forums fustigent une non implication de l'homme en tant que parent, et craignent de voir le congé de paternité détourné à des fins moins "parentales".