Plus je présente le portage salarial à des personnes qui ont été jetées de leur entreprise, plus je prends conscience de la précarité mentale dans laquelle nous place ce mode contractuel de relation du travail.
En effet, tant que l’on est dans l’entreprise, tout va bien, mais cela ressemble à la personne qui tombe du haut d’un immeuble et qui, en passant devant chaque fenêtre, se dit que tout va bien.
À chaque moment, votre employeur peut se débarrasser de vous, parfois brutalement, parfois avec une transaction avantageuse pour vous, mais le résultat est toujours le même : vous avez une situation financière qui reste raisonnable (Pôle Emploi), mais une stabilité émotionnelle détruite.
C’est malheureusement le seul mode relationnel qui soit reconnu par les Français. Nous pensons tous pareil ! Cela se comprenait il y a 60 ans, lorsque le besoin de main-d’œuvre était important et que le seul souci était de développer les avantages associés (prévoyance, mutuelle, représentation du personnel, retraite, financement des courtes périodes sans emploi, etc.). Le changement d’employeur n’était pas un problème. Le seul problème étant d’assurer la continuité des protections (une caisse de retraite pour plusieurs employeurs par exemple) et, osons le dire, la survie des syndicats.
Le Monde a changé, et sous l’effet de nombreuses causes qu’il serait trop long d’expliquer ici, les entreprises, qui ont vu leur marge se réduire, souhaitent baisser leurs charges fixes et développer la flexibilité pour être durables. C’est pour cela qu’ elles se séparent des employés pour lesquels elles n’ont plus de travail indispensable et hésitent très fortement à autoriser des recrutements qui sont trop engageants. Les séniors partent en premier et ne reviendront pas.
Les pays anglo-saxons l’ont bien compris et ont développé la flexibilité du travail : ils ont fait cela au prix d’une très faible protection des travailleurs.
Les institutions, elles, changent malheureusement moins vite que les entreprises. Les syndicats et nos hommes politiques de tous bords continuent de croire que le CDI avec un seul employeur doit être l’objectif de chaque travailleur. Nos procédures ont peu évolué ; les banques ne prêtent qu’aux titulaires d’un CDI … Ceux qui accompagnent les chercheurs d’emploi ne présentent souvent que deux voies possibles : Le CDI temps plein et la création d’entreprise, même si dans ce dernier cas, vous serez seul avec une très faible protection sociale (salauds de patrons !).
Il existe pourtant une solution qui répond à cette double contrainte de stabilité sociale et de dynamisme en France : le portage salarial, qui offre à des consultants indépendants la gestion de leurs contrats commerciaux et qui les recrute comme salariés, leur permettant de transformer en salaires des honoraires. Pour que ce système soit efficace, le coût pris sur la chaine de valeurs par la société de portage doit être le plus faible possible et représentatif du travail effectué (animation, mise en situation de commercialisation, administratif).
Ce type d’entreprise permet à un travailleur de trouver la stabilité de l’emploi, car les revenus sont apportés par plusieurs clients qui ne partent pas tous en même temps, comme une entreprise normale ! Le salaire versé peut tout à fait être lissé sur l’année, car le consultant le choisit chaque mois, dans la limite du chiffre d’affaires qu’il a réalisé. Tous les mécanismes de protection sociale sont disponibles (retraite par répartition, prévoyance, santé, pole emploi …). L’entreprise de portage assure en plus un véritable encadrement de ses salariés pour faciliter leur action commerciale.