La circulaire servant de trame aux enseignants du primaire pour attaquer la rentrée 2011, et qui vient d'être publiée, les incite à réintroduire les cours de morales dans leur programme.
"Bien mal acquis ne profite jamais"
Les cours de morales ont été instauré en 1882 avec les premiers programmes de Jules Ferry avant d'être supprimés à la fin des années 60.
En préparation de la rentrée scolaire 2011/2012, le ministère de l'Éducation nationale fait circuler une circulaire pour restaurer les leçons de morale à l'école primaire par le biais de maximes très simples comme :
- "Pierre qui roule n'amasse pas mousse"
- "Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage"
- "Qui vole un oeuf vole un boeuf"
- "Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras"
Une façon pour les enseignants "d'aider l'enfant à acquérir les repères et les principes de la citoyenneté et de la vie collective". Selon le texte, les instituteurs pourront par exemple "recourir à l'exercice de commentaire quotidien d'une maxime pour aider l'enfant à acquérir les repères et les principes de la citoyenneté".
Cette demande du gouvernement aux enseignants tombe suite à une note de synthèse de l'Inspection générale de l'Éducation nationale sur l'application de la réforme du primaire de juillet dernier. Cette note relève "qu'en instruction civique et morale, la morale n'est presque jamais abordée et l'utilisation de maximes illustrées demeure rarissime".
Jean-Michel Blanquer, directeur général de l'enseignement scolaire, a tenu à affirmer qu' "il est indispensable que l'école réaffirme son engagement dans la transmission de références communes qui permettent de penser, vivre et agir ensemble".
Des méthodes jugées passéistes
On a pu remarquer un certain engouement pour la nostalgie de l'ancienne école par la réédition de quelques anciens ouvrages de morale comme celui de l'historien Jacques Guimard, auteur des Cahiers de morale. Ce dernier nous raconte que "le principe de la maxime inscrite au tableau chaque matin, instauré en 1882 avec les premiers programmes de Jules Ferry, rencontrait déjà des premières oppositions dans les années 1920 parmi certains maîtres... Il a totalement disparu à la fin des années 1960, avec les circulaires Edgar Faure".
Ce qui ne l'empêche pas de penser qu'aujourd'hui ces leçons de morale seraient bien vieillottes : "réintroduire les maximes de morale au tableau et les apprendre par coeur est une fausse bonne idée ; c'est totalement dépassé !". Sébastien Sihr, du SNUIPP (syndicat des enseignants) le rejoint en affirmant qu'apprendre des maximes par coeur est contraire au développement de la pensée et de l'autonomie : "ça sent le papier jauni. C'est l'apprentissage du par coeur, oui. Pas le développement de la pensée, le développement de l'autonomie. C'est exactement le contraire de ce qu'on devrait faire aujourd'hui à l'école".
Sébastien Sihr insiste néanmoins sur la nécessité de l'école à amener les élèves à débattre sur les valeurs civiques à travers des faits de société et ainsi de développer l'éducation civique.