Moi, ma vie, mon CV - Personal branding : visibilité ou efficacité ?

Publié le 13 avril 2012 par Thierry Delorme @Thierry_Delorme

« Dans le futur, chacun aura droit à 15 minutes de célébrité mondiale ». Avec cette expression, Andy Warhol annonçait, dès 1968, les travers d’une société médiatique aussi prompte à célébrer des inconnus qu'à les faire retomber dans l’oubli le plus complet. Qu'aurait-il ajouté s’il avait connu le développement de la télé-réalité et de ses candidats, de l’internet, des médias sociaux et du personal branding ?

Si le média télévision était le principal visé par Andy Warhol, l’avènement des médias sociaux permet aujourd’hui à chacun d’entre nous d’être nos propres éditeurs de contenus, les producteurs de notre propre vie numérique. Certains candidats en quête de stage ou d’emploi (et non de célébrité, quoi que…) ont rapidement maîtrisé les mécaniques virales ainsi que le porte-voix offert par ces nouveaux médias pour donner un relief particulier à leur candidature : la (sur)médiatisation !  Pour autant, cette médiatisation orchestrée des candidatures est-elle une garantie de bonnes fins ? Pas si sûr …

Qui se souvient en effet des CV vidéos qui ont créés le buzz dès la fin 2009 ? Façon clip, à la « Amélie Poulain », sérieux, drôle, décalé, animé, en 3D… Tous les styles ont rapidement été explorés. Des classements ont même été publiés, des sites internet sont désormais dédiés à ces initiatives... Pour quels résultats ? Et que penser de l’initiative de Super Candidat (à un job de plus de cinq ans, si possible) qui, il y a un peu plus d’un an, créait un salon pour lui tout seul, Porte de Versailles, soutenu par une intense campagne de communication et le site internet http://www.me-recruter.com ? Et surtout, qui est aujourd’hui capable de dire ce que sont devenus ces candidats ? L’espoir d’un aboutissement heureux créé par la médiatisation n’a-t-il eu que des effets positifs ?

La lecture du dernier billet posté par super candidat (http://www.me-recruter.com/le-blog/) en date d’avril 2011, soit 2 mois après son événement suffit pour en douter… Rassurons-nous toutefois, il a ensuite retrouvé un emploi comme directeur marketing éditorial d’un site internet grand public !

Plus proches de nous, l’initiative de 2 jeunes étudiants en quête de stages avec la création du mini-site www.jesuisbonne.fr, le mois dernier. Nouveau buzz réussi avec un trafic de près de 180 000 visiteurs uniques en moins de 3 semaines et plus d’une centaine de propositions à la clé ! Et une médiatisation à faire pâlir d’envie le communicant que je suis ! Toutefois, cette opération a aussi généré une levée de boucliers frôlant l’indignation (De chercheurs d’emploi ? De recruteurs ? Ou d’inconnus en quête de médiatisation ? ;-).

J’ai interrogé Augustin*, l’un des 2 co-auteurs de cette initiative afin de mieux cerner leurs intentions et avoir également quelques retombées de cette opération : « Pour ce qui est du machisme, c’est, à l’origine, une idée de Stéphanie. Nous avions décidé de cibler les agences web susceptibles de nous accueillir en stage et de susciter leur intérêt avec une idée décalée, drôle pour démontrer nos compétences. Le côté provoc ? Il était naturellement assumé et bien sûr volontaire mais nous n’avions pas imaginé les retombées de notre démarche, avec Twitter et nos camarades de promotion comme seuls relais. Nous étions en revanche très conscients d’un « bad buzz » possible et, pour cette raison, nous n’avons communiqué ni nos noms, ni notre visage.»

Pour compléter ce rapide entretien, Augustin m’a précisé que Stéphanie a trouvé un stage (pas grâce au buzz d’ailleurs mais avec des contacts initiés au préalable). Quant à lui, même si, à ce jour, les propositions qui lui ont été faites ne correspondent pas pleinement à sa recherche (plus de curiosité que de réelles propositions ?), il reste très confiant sur un aboutissement très prochain de sa démarche.

Pour conclure sur l’ensemble de ces initiatives et malgré leur forte médiatisation, elles ne sont toutefois pas si nombreuses, souvent ciblées sur un même secteur d’activité, communication, marketing et multimédia, finalement efficaces et majoritairement orchestrées par notre mystérieuse et/ou indécryptable (non)génération Y.

Peut-on légitimement s’interroger ou s’offusquer de ces nouveaux modes de communication ? Sont-ils finalement si nouveaux et si rebelles ? Et surtout, si celà permet à des candidats de trouver l'emploi ou le stage auquel ils aspirent, est-ce réellement critiquable ?  N’oublions pas que la France était en émoi devant une opération de communication 1.0 par laquelle Myriam nous promettait d’enlever d'abord le haut, puis le bas…

C'était 30 ans plus tôt, nous étions en septembre 1981.

* propos publiés avec l’accord des intéressés.