“Le droit à l’erreur”, toute petite expression, tout petit bout de phrase, mais qui te le donnera ? Qui, à part toi? [Anna Gavalda]
« Nous n’avons pas le droit à l’erreur », entendons-nous souvent.
En entreprise, lorsqu’il s’agit de trancher sur le recrutement d’un candidat ; dans le monde du sport à la veille du grand soir ; ou bien chez nos hommes politiques… surtout en début de mandat !
Puis vient le temps du repentir…
Une fois l’erreur commise, on finit en effet par reconnaître a posteriori, qu’après tout, il nous reviendrait de bon droit !
En attendant qu’il soit inscrit dans la constitution, on invoque, pour ses vertus apaisantes, l’antique adage romain errare humanum est (i.e. l’erreur est humaine)
Cette expression « Nous n’avons pas le droit à l’erreur » est riche de sous-entendus.
Tentons d’en extraire les significations implicites.
D’une part, en se parant d’un attribut juridique (« le droit»), l’expression institutionnalise une réalité qui existe au mieux dans certaines chartes corporate du moins dans l’imaginaire collectif.
Elle présuppose d’autre part que, dans certaines circonstances, l’erreur est admise et que dans d’autres, elle ne l’est pas.
De même qu’une performance de patinage artistique ne résistera pas au moindre écart, une inattention dans le système de paie peut gripper tout le corps social d’une entreprise. L’erreur dans ce cas ne pardonne pas en effet.
D’ailleurs, toute la question dans ce genre de situation est de savoir si c’est d’erreur ou de faute dont il est question. Je commets une erreur par ignorance (savoir), incompétence (savoir-faire ou savoir être), manque d’expérience ; je commets une faute si j’étais en mesure d’éviter l’erreur au moment des faits.
Enfin l’expression « nous n’avons pas le droit à l’erreur » présuppose le principe du « zéro erreur » ou « zéro défaut ». Appliqué au management, il a pour effet d’augmenter le contrôle et de diminuer l’autonomie car il revient à nier le risque inhérent à toute initiative.
Plutôt qu’un « droit » qui rendrait difficilement compte des nuances de la réalité tant les situations sont multiples, ne devrait-on pas plutôt parler de tolérance à l’erreur, modulable selon les individus et tenant compte de plusieurs paramètres (niveau de compétence et de motivation, type de fonction, culture de l’entreprise) ?