Commençons par faire les présentations...
A ma droite, Stanley Milgram, né le 15 août 1933 à New York, psychologue reconnu pour ses travaux sur la soumission à l'autorité ainsi que sur l'expérience du petit monde. A ma gauche, Robin Dunbar, né le 28 juin 1947 à Liverpool, anthropologue britannique et biologiste de l'évolution, spécialisé dans le comportement des primates (sic, comme quoi l’évolution…).Et au milieu, le Community Manager Ressources Humaines, métier de naissance récente et de population encore limitée, promis à un avenir radieux selon les uns et précaire selon les autres…
Mais alors, quel rapport peut–il bien exister entre ce métier tout neuf et déjà controversé et ces deux honorables messieurs ? Tous deux ont élaboré des théories dont d’autres théoriciens se sont emparés pour effectuer des études et de nouvelles théories applicables aux réseaux sociaux ! Avec des conséquences insoupçonnées sur l’exercice du métier de CMRH !
Les amis de mes amis…
On commence par la théorie de Milgram, plutôt favorable à un des exercices du Community Manager : le développement de sa communauté.
Plus connue sous le nom de « phénomène du petit monde », cette théorie pose l'hypothèse selon laquelle 2 personnes qui ne se connaissent pas sont, malgré tout, reliées l’une à l’autre par une courte chaîne de relations sociales, 6 en moyenne (d’où la théorie des « six degrés de séparation » de Frigyes Karinthy, écrivain et journaliste hongrois de son état, sur lequel nous ne nous attarderons pas ici, largement reprise toutefois par les sites de réseaux professionnels). D’ici à penser qu'il suffirait de 6 fans/amis/followers pour que la terre entière se retrouve sur l’espace géré par le CMRH, il n’y a qu’un pas… théorique hélas, car la question de l’intérêt partagé reste ouverte.
Toutefois, en novembre 2011, Facebook a publié une étude (en partenariat avec l'Università degli Studi di Milano) basée sur un échantillon de 721 millions de personnes (le nombre de membres de l’époque). Les 6 degrés de séparation furent ramenés à 4,74 ! Étonnant, non ? Voir l’étude
… mais une limite cognitive.
Si Milgram et sa théorie du petit monde peuvent être considérés comme des alliés du Community Manager, Dunbar peut apparaître comme un empêcheur de « manager sa community » tranquillement ! En effet, ses recherches sur le néocortex fixent à 148 le nombre d’amis avec lesquels une personne peut entretenir une relation stable (150 est communément admis comme le nombre de Dunbar).
Il serait donc inutile ou vain d’avoir plus de 150 fans/amis/followers ?
Pas tout à fait. Des relations sont envisageables au-delà du nombre de 150. Elles ne reposeront plus sur la seule confiance mutuelle mais seront garanties par l’établissement d’une hiérarchie, d’une structure et de règles importantes (une charte de modération, par exemple).
Voilà donc notre community manager inconsciemment tiraillé entre Milgram et Dunbar : "je peux développer ma communauté sur des principes de viralité mais, au-delà d’un certain nombre (150, donc) mieux vaut instaurer des règles car la seule confiance mutuelle ne suffira plus pour entretenir des relations stables avec ma communauté". CQFD.
Interrogation écrite à tous les CMRH de France dès la semaine prochaine (ouf, ils sont moins de 150). Bonne rentrée ;-)