A trop jongler avec les Url, on avait presque fini par oublier l’Irl !
Et pourtant… 2 études récentes (et sérieuses) viennent nous rappeler qu’il existe une vie en dehors des médias sociaux (voire d’internet), que l’on soit candidat ou collaborateur.
La première, réalisée par MetrixLAB pour Havas Media et publiée début septembre (412 interviews 18 ans et +) dresse le portait en 4 familles des « déconnectés », forcés (les exclus et les minitélistes) et volontaires (les flippés et les déconnectés 2.0).
La seconde, présentée mi septembre par le groupe Adecco, intitulée « trouver un emploi via les médias sociaux, Mythe ou réalité ? (échantillon de 5 317 répondants on line, méthode des quotas) fait le point sur les pratiques et utilisations des médias sociaux pour trouver un emploi.
Tous connectés ?
La première étude nous rappelle, à toutes fins utiles, qu’un quart des foyers français n’a toujours pas accès à l’internet et que, à côté d’une fracture numérique subie pour des raisons économiques, culturelles ou générationnelles, est en train de naître une déconnection choisie ! Les raisons de cette attitude tiennent tout à la fois d’une réelle méfiance voire défiance sur la protection des données personnelles, sur « l’infobésité » latente et parfois intrusive ainsi que sur l’émergence d’un nouveau comportement anticonformiste à l’usage hyper-pragmatique de l’internet : courrier électronique, impôts, itinéraires et e-commerce. Certes, cette déconnection volontaire n’est pas majoritaire mais la seule catégorie des déconnectés représente à elle seule plus de 1,7 millions d’individus de 15 ans et +. Et autant de candidats potentiels ou de collaborateurs offline…
Tous sociaux ?
La seconde étude(Adecco) écorne quelques pseudo-certitudes, et notamment l’usage de twitter et des réseaux sociaux professionnels en nous révélant que 70 % de l’échantillon n’utilise jamais Twitter malgré sa forte notoriété, 39 % jamais Viadeo et 45 % jamais LinkedIn (ils sont par ailleurs 37 % à ne pas connaître LinkedIn et 40 % à ne pas connaître Viadeo). L’entourage proche, les réseaux physiques et la presse restent des moyens majoritairement utilisés (renvoyant la querelle jobboards vs réseaux sociaux à une querelle de niche ?).
Tous raisonnables ?
Sans tomber dans l’extrémisme du tout ou rien, du noir ou blanc, il est toujours utile voire salutaire de s’entendre rappeler que la réalité se situe souvent entre « gris clair et gris foncé » (JJ. Goldman, nov. 1987 :-) et que la marque employeur, trouvant dans les médias sociaux internes et externes un nouveau terrain d’expression, ne doit pas pour autant négliger les terrains traditionnels (et pas encore has been) de communication RH, au risque de se couper de la majorité de son audience potentielle (et déconnectée).
On pourrait toutefois reprocher à ces études de donner une vision d'ensemble de la population française et de ne pas prendre en compte la seule population concernée par la "marque employeur 2.0"... Il me semble que c'est là justement tout l'intérêt de ces données par lesquelles on relativise le phénomème médias sociaux et RH.
Une seconde lecture de ces données, plus « e-optimiste », pointe la belle marge de progression potentielle des médias sociaux afin de conquérir des audiences plus larges, à condition toutefois de mener de front une politique forte d’information pour rassurer les utilisateurs sur la protection de leurs données et sur l’utilité et l’efficacité avérées de ces nouveaux médias auprès d’une cible encore sceptique.
Et si le mouvement vers les médias sociaux devait s’accélérer dans un futur proche, porté sans doute par une conjoncture économique plus sereine qu’aujourd’hui, n’oublions pas nos fondamentaux de communication : la présence conjuguée d’une cible et d’un message en un même lieu, si elle est un minimum requis pour être pertinente voire segmentée, n’est pas une garantie de résultat.