Je n’ai le temps de rien faire en dehors du travail…

Publié le 27 septembre 2012 par Olivier Guérin @oguerin

Dans mon travail, j’ai souvent des clients qui ne trouvent pas le temps de venir à leur rendez-vous et qui annulent au dernier moment. Cela peut arriver ponctuellement, et je ne leur en tiens pas rigueur, mais quand cela devient régulier, cela a une signification dans la relation de coaching. Ils ont toujours de très bonnes raisons bien sûr… un séminaire impromptu à organiser, un appel d’offre par-ci, un remplacement à faire par-là, les excuses professionnelles sont légion. Pourquoi est-il si difficile pour certains professionnels de se déconnecter du travail, de rentrer chez eux, ou d’accorder du temps à une autre activité ?

Le travail et l’effort valorisés de manière excessive

L’effort et le travail figurent en bonne place dans nos systèmes de valeurs humains et sont souvent survalorisés, ce sont ces injonctions que l’on se donne : « tu dois travailler dur pour vivre », compris par « tu dois travailler beaucoup ». Trop. Pour certaines personnes cette valeur est élevée à hauteur de précepte, de fondement de vie. D’ailleurs c’est avant tout la quantité qui prime, au détriment de la qualité parfois, car finalement on peut difficilement faire du bon travail quand on est en quasi-burn out…

Le piège de l’illusion d’être indispensable

Il y a souvent derrière l’incapacité à se déconnecter du travail le désir de se montrer indispensable, et par là même de (se) prouver que l’on a une importance pour ce monde et pour l’entreprise, car il est évidemment très flatteur de prendre en charge de nombreuses responsabilités. Je crois qu’il y a à tous les niveaux de responsabilité le deuil de « l’indispensabilité » à faire, car les cimetières sont remplis de personnes indispensables. Plus une personne se rend indispensable, plus elle déresponsabilise ses équipes, ou même ses n+1. Certains sont devenus maitres dans l’art de se rendre indispensables auprès de leurs collaborateurs. Ils tombent alors dans une situation de  « triangle dramatique » où ils se mettent délibérément en situation de sauveurs, pour se retrouver ensuite dans le rôle de la victime qui se plaint de cette situation devant ses supposés bourreaux – les collaborateurs qui « ne font pas leur travail ».

Incapable de déléguer

L’incapacité à savoir déléguer est très fréquente. De nombreux professionnels répondent qu’ils délèguent mais « pas complètement » : savoir déléguer correctement c’est pourtant déléguer complètement. Je vais même jusqu’à dire que déléguer de manière incomplète équivaut à saboter le travail. En analyse transactionnelle, on peut dire que la personne accorde trop de place à son « Parent Normatif », cette instance en nous qui défend des valeurs et des croyances parfois au détriment de notre propre épanouissement, ce moi gardien des lois et des normes, qui a tendance à tout vouloir régir et contrôler.

L’employeur s’en mêle

Un salarié est souvent jugé par les dirigeants à l’aune de sa volonté de donner – voire de sacrifier – son temps pour l’entreprise, en particulier lorsque le salarié souhaite monter hiérarchiquement. Ou plutôt, le salarié le croit-il…et de s’imposer lui-même des obligations très contraignantes (si je ne reste pas jusqu’à 20h je perdrai mon emploi, etc.). Finalement, lorsque j’approfondis la question avec mes clients, nous concluons que ces décisions sont bien souvent basées sur des craintes imaginées plus que sur des réalités confirmées.

Reprendre le pouvoir !

Reprendre en main le temps que l’on accorde à son activité professionnelle, c’est reprendre de la puissance sur sa vie : une personne qui est dépassée par son temps professionnel, c’est une personne qui se rend intentionnellement esclave en quelque sorte. Dans le rapport au temps, il y a une notion de choix. Mes clients me disent qu’ils veulent changer de job, ensuite ils me disent qu’ils doivent annuler leur rdv car ils ont trop de travail, la raison qu’ils se donnent c’est qu’ils sont bien « trop consciencieux pour délaisser leur responsabilités » : mais où est leur priorité ? Ils ont fait un choix, c’est souvent leur Parent Normatif qui l’a fait pour eux.

Pour décharger le Parent Normatif qui prend le pouvoir de manière autoritaire, les questions à se poser sont par exemple « suis-je bien chargé de résoudre ce problème, est-ce bien ma responsabilité ? Quel est mon objectif, qu’est-ce que je veux, qu’est-ce que je décide ? » (voir L’analyse Transactionnelle, de Vincent Lenhardt chez Eyrolles)

Je vous conseille par ailleurs de lire le billet très intéressant de Sylvaine Pascual sur son blog, vous y trouverez les symptômes de la dépendance au travail et quelques bons conseils pour s’en désintoxiquer.

Bon week-end à tous.

  • Par Olivier Guérin
    Coach et spécialiste en transition de carrière et personal branding, je publie sur plusieurs réseaux sociaux et médias collaboratifs. Pour en savoir plus sur mes services ou pour un coaching personnalisé, rendez-vous sur elevancecarriere.com