L’Unédic vient de publier une enquête auprès des allocataires en activité réduite
L’Unédic met en avant dans son étude une perception positive de ce dispositif par les demandeurs d’emploi tandis que les chiffres reflètent une précarité professionnelle.
Crédit photo : N. Salles
L’enquête menée par l’Unédic au mois de février 2012 porte sur 2 004 allocataires ayant exercé au moins un mois d’activité réduite, avec ou non cumul de l’ARE, au cours du deuxième trimestre 2011, soit 35,1% des allocataires interrogés.
En 2011, 1,1 million d’allocataires sont concernés par le dispositif d’activité réduite.
L’activité réduite, c’est quoi ?
Un demandeur d’emploi peut exercer un emploi à temps partiel, d’une durée inférieur à 78 heures par mois correspondant à l’activité réduite courte (catégorie B) ou d’une durée supérieure à 78 heures par mois correspondant à l’activité réduite longue (catégorie C).
Afin de bénéficier du cumul de l’allocation chômage (ARE) et du salaire issu de l’activité réduite, la durée de travail mensuelle ne doit pas excéder 110 heures et les revenus, 70% du dernier salaire brut. Ce cumul ne peut pas excéder 15 mois.
Le profil de l’allocataire en activité réduite
Selon l’Unédic, les allocataires finissant une mission d’intérim (19,4%) ou un CDD (41,4%) se tournent plus facilement vers l’activité réduite.
Ce sont plutôt des femmes (54%), âgées de 50 ans et plus, dont l’activité professionnelle engendre de l’activité réduite, telle que le métier d’assistante maternelle.
Ces allocataires sont moins qualifiés, de niveau CAP ou BEP (43,6%) et peu formés.
Des contrats plus précaires en activité réduite
Les allocataires en activité réduite sont majoritairement des intérimaires. Sachant que l’intérim est une variable d’ajustement qui ne cesse de connaître des destructions d’emploi : -18 900 postes au 2ème trimestre 2012, -54 800 postes en 2011 (-9,1% sur un an), la situation de ces allocataires est donc précaire.
Le taux de CDI est deux fois plus faible chez les allocataires interrogés.
Quant aux CDD, ils sont de courte durée. 37,2% des allocataires en activité réduite ont des CDD d’une durée de 6 à 12 mois.
Cette précarité professionnelle et par conséquent financière incite 43,4% des allocataires plus âgés en activité réduite de rechercher un second emploi : 22,5% d’entre eux pour effectuer un remplacement et 20,9% pour un emploi complémentaire. Quant aux jeunes, ils préfèrent changer d’emploi plutôt que de trouver un emploi complémentaire.
Une forme de sous-emploi ?
Certes l’activité réduite permet de garder un pied dans le marché du travail, de ne pas avoir un trou dans son CV lors des entretiens d’embauche mais comment vit-on au quotidien en travaillant à temps partiel ?
Ne serait-ce pas une forme de précarité ? Du travail subi ? Du sous-emploi ? Comment obtenir un logement, un prêt, subvenir tout simplement aux besoins de sa famille quotidiennement quand vous ne pouvez pas justifier d’une stabilité salariale ?
D’ailleurs dans la comptabilisation du chômage, le BIT définit comme en sous-emploi, les personnes qui sont à la frontière entre chômage et emploi, qui exercent une activité réduite subie et qui aimeraient travailler plus. Ces travailleurs/chômeurs sont, 1,3 million selon la dernière « enquête Emploi » de l’Insee.
Pourtant, l’assurance chômage a choisi un axe de communication positif, l’activité réduite vue comme une opportunité professionnelle, allant jusqu’à illustrer ses propos au Journal de 20 heures sur France 2 par un reportage sur une juriste réalisant des formations qui perçoit 2 100 nets par mois en cumulant activité réduite et allocations chômage.
Etait-ce réellement un cas représentatif de ces chômeurs actifs ?!
Enfin, l’Unédic précise que le cumul de l’ARE et d’une activité réduite est méconnu. Seuls 7,6% des personnes interrogées connaissent le dispositif. Y aurait-il un problème d’intelligibilité et de visibilité de la réglementation d’assurance chômage ?
L’Unédic prescrit, Pôle emploi met œuvre et pour le demandeur d’emploi, c’est le parcours du combattant pour connaître les différents dispositifs à son service pour retrouver un emploi.