Je m’étais pourtant promis de ne rien écrire sur la génération Y...
D’un autre côté, je m’étais aussi promis de préférer le vélo à la voiture dès lors que le litre de gazole franchirait la barre symbolique (?) des 1,50 €… et je ne roule toujours pas en Vélib. Alors après tout, un billet de plus ou de moins… Qui verra la différence parmi les 38 000 000 de résultats de recherche que propose déjà Google sur le terme de génération Y ?
Première polémique !
Il est intéressant de noter que la même recherche sur Google, effectuée sans placer les accents sur « generation », propose 128 millions de résultats (contre 38 millions avec accent pour mémoire).
Hypothèse 1 : les anglais n’aiment pas les accents
Hypothèse 2 : la génération Y n’aime pas les accents
Je laisse la polémique ouverte… pour en ouvrir immédiatement une seconde : jamais une génération n’a suscité autant de littérature et de commentaires… Tss, tss. Même pas vrai. Et je le prouve une nouvelle fois ! Nouvelle recherche sur google avec « generation X » sans accent et j’accède à…. 289 millions de résultats, soit plus du double que pour la génération Y*.
*La mauvaise foi et le manque de rigueur scientifique de cette démonstration n’aura pas échappé au lecteur attentif. Le X fût longtemps l’activité la plus populaire sur le net, détrôné de peu et depuis peu par les médias sociaux.
Y d’accord, mais génération ?
Démographes et sociologues ne sont pas totalement d’accord sur la délimitation calendaire de la génération Y. Des autres générations non plus, d’ailleurs. Au sens démographique, une génération est le cycle de renouvellement d’une population adulte, soit environ 20 ans, voire 30 ans. Et au sens sociologique, une génération, c’est d’une durée variable, parfois de 15, de 17 ou de 19 ans, ça dépend. Pour la génération Y (au sens sociologique), c’est 15 ans.
A noter que, pour l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), une génération ou cohorte, c’est 1 an. Mais bon, les statistiques, j’en ai déjà parlé ici et l’année Y, çà n’existe pas).
Tout çà pour dire que la génération Y est composée des personnes nées entre 1980 et 1995, concept sociologique principalement occidental. Et ailleurs ? Ailleurs, ce sont des personnes normales, qui ont aujourd’hui entre 17 et 32 ans, plus très jeunes pour certaines, mais globalement encore jeunes.
Génération, oui, mais Y ?
Comme vous l’avez compris, chaque mot génère sa petite polémique. La lettre Y n’échappe pas à cette règle et divise les analystes en 3 camps :
- Le camp des logiques. La génération d’avant, c’était la X, celle d’après c’est donc la Y. La suivante sera la Z et celle d’après… on verra après.
- Le camp des technophiles. Le Y est la forme dessinée par les fils des écouteurs (du téléphone ou du lecteur de musique) sur le torse. C’est bien trouvé, mais bon.
- Le camp des anglophones : Y, en anglais prononcer why, la génération qui questionne sur le pourquoi et s’interroge sur le sens. Bien trouvé aussi.
Tout çà pour dire que les Y, ce sont des jeunes (dont près de la moitié n’ont plus droit à la carte jeune. Allez comprendre) et que sur ces 3 camps, il y en a au moins 2 qui racontent des bêtises. Oui mais lesquels ?
On notera que d’autres appellations pour qualifier cette génération existent et se disputent la paternité de cette création générationnelle :
- Les millenials : cette appellation doit son origine à 2 sociologues américains qui considèrent que les Y, c’est jusqu’en 2000. Un mérite, réunir en une seule terminologie 2 polémiques (dates et nom de la génération). Une faiblesse, les derniers membres ont 12 ans et intéressent encore peu de monde, tant leur avis sur le système est assez peu affirmé.
- Et les digital natives enfin : nés avec le digital (comprendre le multimédia et l’internet). Pour les premières cohortes de la génération (1980 - 1985), permettez-moi de noter que leur « digital attitude » a tout de même du attendre leur majorité pour se manifester. A moins que Pac Man (né au Japon le 22 mai 1980) avec lequel ils ont grandi n’est forgé leur regard sur le monde…
Les comportements au travail de la «génération Y»: l’ultime polémique ?
Et j’ai gardé le meilleur pour la fin : la polémique RH ! La génération Y appelle-t-elle oui ou non la mise en place de dispositifs spécifiques de la part des entreprises en général et des RH en particulier du fait d’un particularisme comportemental générationnel vis-à-vis du travail ?
J’avoue que la question est complexe et que 2 lectures me furent nécessaire pour m’assurer de la bonne compréhension de la question.
La réponse qui semble désormais s’imposer est plus lapidaire : NON*.
38 000 000 de résultats sur Google pour rien ? 38 000 001 résultats maintenant ;-)
*« Les comportements au travail de la «génération Y» demeurent donc, à notre connaissance, des récits de managers ou des recommandations de consultants. Il n’existe pas de recherche qui se proposerait de vérifier qu'il existe bien une spécificité des membres de la « génération Y » dans leur relation au travail. » In LA GENERATION Y AU TRAVAIL : UN PERIL JEUNE ? de Jean Pralong qui conclut à l'absence de différences entre les X et les Y dans le rapport au travail, à l'entreprise et à la carrière. Les propos qui attribuent des caractéristiques spécifiques à la génération Y sont aussi étudiés comme une idéologie managériale in POUR EN FINIR AVEC LA GENERATION Y… Enquête sur une représentation managériale de François Pichault et Mathieu Pleyers.