C’est donc une évidence, on est plus intelligents à plusieurs que seul. En fait je pousse plus loin même : l’intelligence dans les organisations n’existe qu’en collectif. Dans un monde inter-connecté, complexe et organisé en systèmes, l’intelligence d’un individu isolé présente une possibilité d’évolution très limitée. On dit souvent que la qualité première d’un responsable c’est de savoir bien s’entourer, je pense que c’est vrai. Qu’auraient réalisé les “grands hommes” de notre histoire, les chefs d’entreprises visionnaires, s’ils avaient été seuls ? Vraisemblablement pas grand-chose. Soyons intelligents, oui, mais à plusieurs.
Tout d’abord, de la créativité naquit l’intelligence
L’intelligence dans une organisation, la capacité à surmonter des changements, passe par la créativité, quelle que soit la fonction de l’équipe, cela veut dire créativité également pour les équipes non créatives. La créativité nécessite la mise en place de conditions qui l’autorisent et la favorisent. Ces conditions permettent d’abolir le cadre habituel le plus possible, et forment le terreau de la créativité, de l’intelligence, et finalement du changement. Le rôle du manager-coach est de mettre en place les conditions de cette réalisation pour permettre de sortir régulièrement du cadre, en collectif, par l’organisation d’ateliers et de séminaires par exemple.
Et puis vint le collectif
Agir en collectif c’est accueillir et rechercher la complémentarité et la diversité. C’est réussir à passer de la compétition à la coopération créative. C’est une erreur que de penser que le groupe est une somme d’éléments, et une simple collection d’individus : le vrai manager-coach recherche la complémentarité des compétences, mais également la complémentarité de ce qui peut être perçu, au premier abord, comme des faiblesses. L’équipe intelligente est une équipe créative, compétente et complémentaire par ses forces et par ses faiblesses. Les faiblesses des uns permettent aux forces des autres de se libérer. De son côté, le manager-coach sait qu’il doit céder la place, il a fait le deuil du “chef qui fait tout”, l’homme providentiel, une vision pourtant très installée dans l’inconscient collectif français. Cette croyance a la vie dure en entreprise également, les “chefs” qui ont des difficultés à déléguer sont légions, et sont souvent incapables d’accompagner les processus créatif, décisionnel et opérationnel. C’est le syndrome du “je fais tout moi-même, comme ça je sais à quoi m’attendre”… d’où résulte souvent la maladie du “temps qui manque pour tout faire”. Je l’ai moi-même pratiqué pendant quelques bonnes années ! La tentation, surtout en situation de stress, de tout bazarder et de reprendre tout en main seul est extraordinairement séduisante, mais les effets à long terme sont dévastateurs au sein du groupe : dépendance, apathie, conservatisme, et résistance. Passer de la compétition individuelle à la coopération créative est un vrai challenge, une discipline de tous les jours qui permet au contraire l’interdépendance de l’équipe, vertueuse, et l’accompagnement du changement.
Olivier Guérin