Community Manager RH, un métier d’avenir ?

Community Manager RH, un métier d’avenir ?

Je vous annonçais le lancement en grandes pompes d’une série de l’été ! (c’est une expression qui ne veut pas dire que je vais recopier largement ce qui existe déjà. Quoi que…) Voici donc le premier épisode intitulé : Community Manager Ressources Humaines (CMRH), métier d’avenir ?

Au risque (assumé) de déplaire à l’ensemble des organismes proposant des formations à un métier en plein boom (sic) ainsi qu’à l’Amicale des Joyeux CMRH Réunis - l’AJCMRHR, donc - j’ai plutôt envie de répondre de façon lapidaire à la question posée (ce qui n’a rien à voir avec les pierres précieuses) : NON !

Et mon « NON » se décompose (mais reste ferme) en 2 interrogations complémentaires : Est-ce un métier ? Et a-t-il un avenir ?

Community Manager RH, un métier ? 

Si un métier se résume à l'exercice d'une activité dans un domaine professionnel contre rémunération, alors oui, c’est un métier exercé par +/- 600 personnes en France ; ce qui range de fait le sous-ensemble des CMRH dans la catégorie des métiers assez rares qui ne peuvent que se développer.

Si, en revanche, un métier se définit par l'ensemble des compétences acquises par l'apprentissage ou par l'expérience, alors il devient nécessaire de se transformer en chat pour avoir plusieurs vies :

D’après la fiche métier (donc c’est un métier) vue sur l’APEC (donc le CMRH est plutôt cadre), Il faudrait :

  • D’abord une excellente connaissance du sujet : les RH donc ;
  • Une maîtrise des nouveaux médias et médias communautaires : un geek en quelque sorte (maîtriser les anciens médias comme l’écrit n’est pas inutile… option orthographe et grammaire appréciée : on ajoute rédacteur à la liste) ;
  • Une maîtrise des outils de veille, de recherche, de mesures statistiques… : connaître et utiliser les outils, c’est bien, mais savoir analyser et interpréter les données brutes, c’est mieux. Un analyste geek pour résumer ;
  • Une connaissance des logiciels de production de contenu web : un infographiste doublé d’un développeur amateur éclairé, pour faire court ;
  • Une bonne culture webmarketing : un chargé de communication 2.0 pour rester simple ;
  • Et enfin  une capacité à créer des partenariats et des évènements pour animer et fédérer la communauté : un stratège négociateur créatif pour rester humble.

On se résume : notre Community Manager RH est en fait un « RH-analyste-geek-rédacteur-infographiste-développeur-amateur-éclairé-chargé-de-communication-2.0-négociateur-stratège », le tout mâtiné de quelques qualités personnelles comme la curiosité, la diplomatie, l’empathie, la réactivité, la synthèse, etc….. Mais vous pouvez peut être vous offrir les services de cet être d’exception pour le salaire moyen de 25 K€ par an.

Ca fait un peu beaucoup pour un seul homme (je ne parle pas du salaire...) ; même pour une seule femme, qui, comme chacun sait, à la grande différence de l’homme, est seule capable de faire plusieurs tâches à la fois ! C’est sans doute une des raisons pour laquelle le CM est (à une très faible majorité certes) plutôt une femme ;-)

A moins que ce ne soit pour le salaire :-( 

Et l’avenir dans tout çà, je like ? 

Voilà pour le métier qui ressemble décidemment plus à un ensemble de missions qui nécessitent une jolie petite équipe pour être remplies correctement. Luxe inabordable pour une PME ou intitulé générique d’un métier qui en cache, en fait, de nombreux autres ?

Mon choix se porte résolument sur la seconde hypothèse, ce qui n’hypothèque en rien l’avenir des missions, même au sein des PME. Il faudra en revanche faire des choix. Et le Community Manager RH, s’il souhaite conserver ce titre, ne couvrira probablement pas l’ensemble des missions attendues. Il sera tantôt animateur des espaces communautaires, tantôt producteur de contenus ou plutôt geek ou… chargé de communication, même si c’est moins 2.0 voire même responsable RH tout simplement, et naturellement immergé dans les outils et médias de ses candidats et publics potentiels.

C’est pourquoi je suis plus sceptique sur l’avenir du métier et son boom annoncé ou, a minima, sur son intitulé tant il recouvre des réalités différentes. Car je ne peux pas m’empêcher de faire un parallèle avec le métier star des années 2000 : le webmaster (qui existe encore, plus technicien que communicant) et son acolyte de l’époque, le webmaster RH aujourd’hui disparu.

Je ne crois pas non plus à l’explosion du métier car il existe enfin une compétence primordiale et complexe à remplir par les candidats à cette mission : une connaissance parfaite de l’entreprise dans laquelle il travaille pour légitimer et autoriser sa prise de parole, tant pour des publics internes qu’externes ;  ce qui tue dans l’œuf toute velléité de recrutement externe ?

Voilà en tout cas un motif de refus légitime pour tous les recruteurs qui recevront demain des CV de community manager (euhhh, un community manager qui envoie des CV, déjà, c’est un motif de refus, non ?:-) : Cher candidat, je regrette, mais vous ne connaissez pas parfaitement mon entreprise… Ubuesque, mais légitime !

Pour aller plus loin... ou plus sérieusement, quelques lectures conseillées : 

Enquête sur les community managers en France - édition 2013

Claude Super  - Community management : avez-vous le bon profil ?

Vincent Berthelot : Le Community manager : fantassin ou général ?

Bertrand Duperrin : Un bon community manager externe n’est pas forcément bon en interne

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