Les uns après les autres, les OPCA (Organismes Paritaires Collecteurs Agréés) coupent les financements de la formation professionnelle depuis cet été (ou même depuis le mois de mai pour certains). De mémoire de responsable formation ou DRH, ce n’était encore jamais arrivé.
Dans les services formation, on constate qu’il n’y a plus d’argent ni pour la professionnalisation, ni pour les DIF, ni pour le tutorat, ni même pour les plans de formation. L’année prochaine ne s’annonce pas meilleure avec des entreprises qui décident souvent de limiter leur budget formation au strict minimum légal de 1,6 %.
La situation de la formation professionnelle est devenue périlleuse…
- une crise économique sans précédent (depuis 1929) qui pourrait durer une décennie,
- un système de production en panne,
- des centaines de milliers de personnes perdant leur emploi (peut-être 300 000 cette année),
- des salariés qui n’en peuvent plus (+ 18 % d’absentéisme dans le privé depuis 2 ans).
- former les 2 millions de chômeurs de longue durée (qui va les former et avec quel argent, le mystère reste entier),
- former 2 millions de jeunes sans emploi, sans éducation ni formation (les NEET),
- former les 2 millions de salariés non qualifiés ou illettrés,
- former les précaires (intérimaires, CDD, saisonniers, intermittents…) et les travailleurs indépendants (une femme de ménage qui compte par exemple 5 ou 10 employeurs par semaine est dans l’incapacité de se former).
Le tout reposant désormais sur un compte personnel de formation (CPF) dont personne ne peut garantir qu’il fonctionnera avant des années et dont le financement reste introuvable (1 milliard d’heures de DIF ont été cumulées dans le secteur privé, 600 millions dans la fonction publique. La Cour des Comptes calculait en 2009 que la note totale à payer serait de 77 milliards pour les formations du seul secteur privé).
La solution ne serait-elle pas de faire amende honorable, de cesser de nous rebattre les oreilles avec une nouvelle et improbable réforme de la formation professionnelle (la 3ème du genre en dix ans !) et de commencer par faire le vrai et seul travail indispensable pour notre pays : celui de la réforme de l’État et de l’Éducation nationale ? La formation professionnelle ne pourra pas rattraper tous les ratés de l’Éducation nationale.
Le risque avec le compte personnel de formation (CPF) et la réforme en cours est aussi que l’État fasse main basse sur les fonds de formation des entreprises (cf. l’article paru le 16 septembre sur MiroirSocial).