Métro ligne 8 - Paris - © Greenski
Hasard du calendrier ou influence majeure ? ;-))
En effet, j'écrivais ici la semaine dernière un vibrant plaidoyer en faveur du recrutement et de la création d’emploi, et voilà que, le mercredi suivant, les chiffres du chômage publiés par Pôle emploi traduisait cet appel en bonne nouvelle : pour la première fois depuis 27 mois, cette satanée hausse inexorable du chômage s’enrayait. A moins que ce ne soit consécutif à l’intervention télévisée volontariste et optimiste d’un Président de la République qui, je le concède amèrement, aurait légèrement plus d’influence que mes écrits…
Toujours est-il que cette nouvelle devrait susciter un début d’enthousiasme. Las, il n’en est rien car si les chiffres sont souriants, les faits sont têtus et le scepticisme est de rigueur.
En effet, non seulement août marque une inversion de tendance, mais aussi la plus forte inversion jamais enregistrée depuis novembre 2000 ! Hormis le chiffre de 50.000 demandeurs d’emploi en moins (comme en novembre 2000, donc), je ne vois pas trop quelle autre similitude pourrait être soulignée entre ces 2 mois séparés de quelque 13 années calendaires et de quelques siècles en termes de situation économique du moment.
2000, ce sont les années start-up (la « dotcom bubble » les rattrapera quelques mois plus tard…) : les financements coulent à flot et les emplois s’engouffrent dans cette frénésie de création d’entreprises 2.0. Alors que 2013, c’est l’année de la triskaidékaphobie (voir ici).
Plus que les batailles d’experts autour du décryptage de cette baisse surprise (défaut d’actualisation pour cause de vacances (sic), simples oublis ou amélioration sensible durable ?), c’est la continuité du paradoxe qui retient mon attention.
Les nouveaux métiers devraient être en pointe dans une reprise de la création d’emplois. Ces nouveaux métiers pourraient être liées aux nouvelles technologies du numérique et donc aux « systèmes d’information et de télécommunication » triomphants ? (c’est le classement métier de Pole emploi pour l’IT).
Patatras. Fausse piste. La situation de l’emploi dans le secteur de l’informatique continue de se dégrader pour atteindre de nouveaux (tristes) records !
Y a-t-il eu boom invisible dans les secteurs d’avenir annoncés que sont aussi l’écologie ou le vieillissement de la population ? Je crains une nouvelle fois que non.
Et le paradoxe mille fois évoqué de la rencontre entre un besoin et une offre, base de tout marché, marché de l’emploi y compris, ne me semble toujours pas résolu.
Souhaitons que les chiffres qui seront publiés le mois prochain ne nous replongent pas dans des abîmes de perplexité (ni de désenchantement) au plus grand dam d’une génération sans contrat et d’un avenir sans emploi…
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