Hier soir, au siège feutré du Medef, Pierre Gattaz a organisé une première rencontre informelle avec des entrepreneurs, attachée parlementaire, bloggueurs et twittos pour évoquer sa vision de l’entreprise, son combat pour réformer le pays en profondeur et pour nous transmettre son « obsession de l’emploi ».
Passionné, volubile, on sent que Pierre Gattaz se retient de mettre en un grand coup de pied dans la fourmilière de cette France timorée, sclérosée, emprisonnée dans des processus de travail rétrogrades.
Des réformes structurelles sont nécessaires et urgentes à la France afin de diminuer son déficit public et de créer de l’emploi. Pierre Gattaz évoque à plusieurs reprises qu’il ne faut pas attendre d’atteindre 15% de chômage en France et que cela provoque une nouvelle révolution française.
Pour se faire, Pierre Gattaz nous explique tous les leviers possibles pour créer de la croissance, des richesses et par conséquent des emplois.
En premier lieu, il évoque le « Pacte pour l’alternance » avec ces 11 propositions opérationnelles auxquelles globalement j’adhère. En effet, il serait temps que l’Education nationale ne soit pas uniquement un lieu pour acquérir un socle commun de connaissances mais doit également être un lieu de transmission des savoir-faire en étant en lien avec l’entreprise. Il est temps de créer des passerelles avec le monde de l’entreprise comme c’est le cas en Allemagne et de valoriser l’apprentissage.
D’ailleurs, le Medef propose d’augmenter de 4,15% les effectifs dans les entreprises pour atteindre 580 000 jeunes en apprentissage. Cette hausse de l’apprentissage ne peut se faire que sous la condition de modifier à la fois le pilotage et le financement de la formation professionnelle. Ces propositions seront-elles intégrées à la réforme de la formation professionnelle, à défaut d’avoir été pensées par V. Peillon dans sa loi de Refondation de l’école de la République ?
Pierre Gattaz apporte également des précisions sur la lettre du Medef envoyée aux chefs d’entreprises adhérents leur demandant de participer à la création d’un million d’emplois en 5 ans, ce qui correspond à une baisse du taux de chômage à 7% d’ici 2018. La création d’un million d’emplois n’est bien entendu possible que si les conditions nécessaires, à savoir la stabilité fiscale, la simplification des démarches des entreprises…, sont réunies grâce à de nouvelles décisions gouvernementales.
Au vu du désœuvrement du service public de l’emploi, le Medef pourrait-il utiliser sa plateforme sociale « 2020 – Faire gagner la France » pour agréger les offres d’emploi des entreprises adhérentes au Medef ? Ce serait un moyen très concret pour que l’emploi ne soit plus un mot mais un acte.
Enfin, Pierre Gattaz martèlera comme durant l’Université d’été du Medef la nécessité de :
- simplifier les codes, les 400 000 normes en instaurant le principe du « One in two out »
- réduire le déficit public qui va atteindre 95% du PIB
- réduire le déficit du commerce extérieur
- revoir l’organisation en millefeuille des administrations qui a créé des doublons inutiles dans les emplois de fonctionnaires
- supprimer l’ISF
- supprimer la taxe à 75% sur les revenus
- améliorer davantage la flexibilité et l’employabilité des salariés…
Interrogée par mes soins sur la nécessité d’avoir une stabilité fiscale pour les entreprises qui leur permettrait de sécuriser leurs investissements par conséquent de créer des emplois, Pierre Gattaz est favorable à une règle d’or fiscale stabilisée durant 5 ans et sans rétroactivité possible sur les dispositifs. En effet, chaque année le budget est voté à l’assemblée créant de nouvelles taxes, en supprimant d’autres, en les modifiant et même en créant des « contre-taxes » pour faire avaler la pilule aux entrepreneurs. Le Medef se bat contre cette instabilité et notamment a fait reculer le gouvernement sur l’EBE. Il continue actuellement ses combats comme celui sur l’écotaxe qui vient d’être suspendu ce matin par Jean-Marc Ayrault qui précise en conférence de presse que « suspension n’est pas suppression ».
La dernière question de cette rencontre que j’ai pu lui poser concernait la renégociation de la convention d’assurance chômage début 2014. Le Medef maintient-il sa position de rendre les allocations chômage dégressives et d’en diminuer le montant afin de financer les droits rechargeables institués par l’ANI du 11 janvier 2013 et pour inciter davantage le retour à l’emploi ?
Pierre Gattaz a récemment déclaré qu’il ne fallait pas repousser indéfiniment « le tas de sable » des déficits des organismes paritaires. Il en relève de la responsabilité des partenaires sociaux. Cette dégressivité des allocations chômage participerait-elle également à la diminution du déficit de l’Unedic qui devrait atteindre 22,3 milliards d’euros en 2014 ?
Sa réponse ou plutôt non-réponse est « Pas de doctrine ». J’aurais voulu poursuivre cet échange en évoquant le cas très concret d’une chômeuse, c’est-à-dire le mien. Je ne pense pas que la dégressivité des allocations chômage me permettrait un retour plus rapide sur le marché du travail. Très peu d’annonces d’emploi sont diffusées par le service public de l’emploi et par les jobboards. Concernant le community management ou la communication digitale, il y a pléthore d’offres de stage mais très peu d’offres d’emploi très réalistes maîtrisant les métiers du web dans leur énoncé. Je suis chômeuse de longue durée et ne me complet nullement dans le fait de percevoir les allocations chômage. Je trouve que cette situation est plutôt dévalorisante socialement et handicapante pour assurer une vie convenable à ma famille.
Pour aller plus loin :
- Medef.com
- @medef / @pierregattaz / @CabGattaz
- « Medef : « quelle France voulons-nous en 2020 ? » » (12/09/2013)
- « #UEMEDEF2013 : Pierre Gattaz donne le ton à la plénière d’ouverture » (29/08/2013)