On connaissait l’attractivité de notre beau pays, première destination touristique mondiale avec plus de 83 millions d’entrées touristiques internationales chaque année.
On le découvre en nouvelle Silicon Valley (sans référence aucune à Nabila, égérie télévisuelle des vallées siliconées) avec l’arrivée simultanée de nombreux acteurs 2.0 dans l’hexagone : ouverture de bureaux parisiens pour le tout nouveau petit prince du NYSE fin août et pour le réseau tout en images des fashionistas, début septembre ! (Comprendre Twitter et Pinterest au cas où vous seriez privé d’ordinateur et d’informations depuis quelques années).
Fin septembre, c’est au tour de Line, le réseau social japonais (avec un service rigolo de messagerie instantanée en images), de débarquer en France après son beau succès en Espagne (40 % des propriétaires espagnols de smartphones l'ont téléchargé !).
Dernier arrivé ? Buzzfeed début novembre, « le réseau des gens qui s'ennuient au bureau » : ils risquent de s’ennuyer encore plus à classer des soi-disant buzz en catégories parmi lesquelles LOL, OMG, WTF, FAIL… On nous a épargné MDR !
Effervescence 2.0 côté recrutement aussi !
Cette invasion de réseaux s’accompagne d’une autre invasion, celle des nouveaux sites ou services emploi et recrutement 2.0. Et là aussi, ça se bouscule… L’année 2013 fut riche en lancement de projets, sites et solutions (une bonne vingtaine) avec une ambition commune : dynamiter le marché du recrutement en proposant enfin une innovation qui révolutionne le secteur. Ambitions louables !
Bon, du côté des noms, pas de véritable révolution. Le terme « job » a toujours autant la cote. Au moins, on sait de quoi on parle. Et la double lettre, signature de la start-up des années 2000 (Google, Yahoo, Kelkoo, Klekoon..) conserve des fervents adeptes : les bb, ee, kk ou zz succèdent au oo.
Ne pas confondre innovation et nouveauté
Une innovation, c’est, pour faire court, une amélioration radicale d'un produit, d'un service, d'un procédé… qui remporte un succès (commercial) rapide. Pour le succès, je le souhaite à tous ces nouveaux services. Pour l’amélioration radicale, j’ai quelques réserves…
- Le recrutement en vidéo (direct ou asynchrone), ou comment reléguer le CV anonyme au rang de vue de l’esprit…
- Le recrutement par géo-localisation, ou comment se satisfaire d’un candidat qui ne fera pas plus de 500 mètres pour se rendre au travail…
- Le recrutement par les valeurs, ou comment regretter de partager les mêmes valeurs mais de ne pas être en phase sur les compétences…
- Le recrutement par la segmentation de la taille de l’entreprise, ou comment acter du fait qu’on ne puisse aimer les pme un jour et les multinationales le lendemain…
- Le recrutement low cost (dire freemium, en termes 2.0), ou comment ignorer que certains sites sont déjà sur des modèles entièrement gratuits…
- Et enfin, le recrutement par les compétences, le plus prometteur, ou comment retomber sur le débat de la détection (tests ?) et l’évaluation virtuelle (résultat du test ?) d’une compétence… un débat intéressant, toutefois…
En résumé, de nombreuses (plus ou moins) bonnes idées, plus ou moins bien réalisées, plus ou moins onéreuses pour les entreprises. Pas vraiment des améliorations radicales. Révolution ? Innovation ? Je reste un peu sur ma faim…
L’innovation dans le recrutement…
Sur le sujet de la transformation du recrutement, je vous invite à lire un long billet de M.P. Fleury sur le blog id-carrières. Pour ma part, je caricaturerai le recrutement en 3 moments ou actions clés : la diffusion d’une offre d’emploi, la candidature et l’évaluation et la sélection. L’innovation doit fourmiller !
La diffusion d’une offre ? Depuis les jobboards (amélioration radicale du délai et des coûts de diffusion, du délai de transmission d’une candidature et succès commercial dès 1999 !), pas grand-chose si ce n’est la gratuité totale de la diffusion désormais proposée par les sites d’annonces. Prochaine étape : le mobile ? Quand à l'innovation de l'offre d'emploi ou petite annonce, c'est déjà un (vieux ?) débat de #truparis 2012 !
La candidature ? Vidéos, valeurs, géo-localisation, anonymat, réseaux pros, médias sociaux… Quelques évolutions sur la forme mais rien de radical sur le fond. Malgré l’incantation selon laquelle « Le CV est mort », le CV (expérience – formation – divers) demeure le modèle dominant à ce jour. A noter : le recrutement sans CV (encore limité à quelques cas), passerelle entre innovation dans la candidature et la sélection ?
L’évaluation et la sélection ? Les candidats essaient d’innover (pas toujours heureux). Les outils prétendent innover (c’est nouveau, plus qu’innovant, nuance). Peine perdue car l’évaluation et la sélection se trouvent principalement côté entreprise…
C’est probablement sur ce troisième champ que les innovations à venir se concentreront. Recrutement sans CV, habiletés, compétences, potentiel, personnalités… Au-delà des référentiels (toujours rassurant, un petit référentiel) et des outils, c’est désormais cap sur l’innovation des usages et des habitudes… Et là, ce sera forcément plus long…
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