Bilan 2013 Communication & RH : panne à l'allumage !

Publié le 11 décembre 2013 par Thierry Delorme @Thierry_Delorme

Elles devaient tout emporter sur leur passage et étaient annoncés comme les superstars incontestées de l’année 2013. Voici la seconde et dernière partie du bilan Communication & RH  2013 avec les pannes à l’allumage, les petites déceptions, donc. Les raisons de ces succès en demi-teintes sont-elles conjoncturelles -crise, état du marché de l’emploi et du recrutement …- ou structurelles -trop en avance sur les usages, fausses bonnes idées…- ?

Toujours est-il que le recrutement sur les médias sociaux, le recrutement mobile et, plus largement, l’innovation RH ont été timides cette année. Retour sur nos 3 tendances. A reporter de nouveau en 2014 bien sûr, comme dans tout bon bilan mitigé et incertain qui se respecte…

Recrutement et médias 2.0 : pas si i-média…

A-t-il été possible de se faire recruter sans aucune activité ni présence sur les médias sociaux en 2013 ? La réponse est oui. Incontestablement. 

Certes, ON a été recruté en 1 tweet – laborieusement, après plusieurs mois de suivi assidu et d’activité frénétique - ON a été repéré sur Facebook - parfois à l’insu de son plein gré sur la foi d’une compétence déclarée pour faire sourire ses amis - ON a aussi beaucoup été approché sur les réseaux sociaux professionnels - plus ou moins maladroitement et avec plus ou moins de suite d’ailleurs…

Certes, l’intérêt des recruteurs pour les médias sociaux est grandissant  : 78% des recruteurs ont déjà utilisé les médias sociaux pour recruter et 94% prévoient de le faire ( étude Jobvite - sept. 2013).

A cet enthousiasme chiffré, succède toutefois un scepticisme étayé par d’autres chiffres. ON se situerait dans une fourchette comprise entre 5 et 10 %, sans grande évolution par rapport à l’année dernière. L’étude européenne de Stepstone (recrutement via les réseaux sociaux : mythe ou réalité ? Tiens, j’ai déjà vu ce titre quelque part l’année d’avant. Là aussi, peu d’évolution…) place le ON à 2,2 %.

Au-delà des chiffres et des taux, le défi des médias sociaux (et des recruteurs qui déclarent les utiliser, surtout) est de tenir la promesse du recrutement d’un nouveau genre : plus personnalisé, plus conversationnel, plus interactif, plus ouvert, moins formulaire sans doute… Etre reconnu comme un canal complémentaire et indispensable d’une stratégie de recrutement, c’est bien. S’imposer comme une alternative aux canaux traditionnels pour élargir le cadre de ses recherches et s’ouvrir à de nouveaux profils… C’est une autre histoire.

Alors le recrutement sur les médias sociaux : limites et réalités (j'ai failli copier ;-) à confirmer l'année prochaine avec le retour d'un recrutement qui ne fera plus profil (2.0 bien sûr) bas ?      

Recrutement mobile : le candidat est sur répondeur...

Si la femme est l’avenir de l’homme, le mobile est l’avenir du recrutement. Cela fait maintenant 2 ans qu'on vous le répète... Pour 2013 toutefois, l’avenir reste à venir.  

Il faut dire que du côté de l’industrie télécom en France comme à l’international, 2013 ne fut pas une chouette année : équipementiers, constructeurs et autres opérateurs de téléphonie n’ont pas fait du recrutement (de candidats) un axe prioritaire de leur stratégie… 

Comment cela, ça n’a rien à voir ? Je mélangerai l’outil et sa fonction ? Certes, mais je suis loin d’être le seul ;-) 

Plus sérieusement, la techno n’y est pour rien car elle est prête : le recrutement mobile et facile est en place et ne demande qu’à se développer... Les intermédiaires sont d’ailleurs en pointe sur le sujet : jobboards, réseaux pro (MAJ du 6 déc.: les offres d’emploi débarquent sur la version mobile de Viadeo) et nouveaux acteurs du recrutement mobile !   Oui mais voilà, le recrutement se passe d’abord entre entreprises et candidats.

Et côté entreprise, c’est un peu à marche forcée, parfois précipitée et surtout clairsemée que les sites carrières se « mobilisent » et que les applications mobiles se téléchargent. L’offre est encore rare. En conséquence, difficile de « mobiliser » des candidats qui se tournent majoritairement vers d’autres canaux pour postuler. Qui de la poule ou de l’œuf… ? 

Et puis parfois, on peut constater, chiffres à l’appui, les effets bénéfiques du mobile pour le recrutement ! Un opérateur de téléphonie n’a-t-il pas, à lui seul, réussi à endiguer la hausse inexorable du chômage en France avec quelques sms ?  Ou plutôt en l'absence de quelques milliers de sms, d'ailleurs...

Alors le recrutement mobile : en avance de phase ou pas en phase pour faire des avances aux candidats ? Un numéro à recomposer en 2014. 

Au secours, l’innovation revient…

Au premier abord, il peut sembler curieux de placer l'innovation dans les pannes de cette année, tant la technologie s’est invitée fortement dans les RH en 2013.  Espoirs d’un recrutement nouveau avec le Big Data, d'une détection des compétences renouvelées grâce aux MOOC, d’un engagement et d’une collaboration sans faille avec les réseaux sociaux et/ou collaboratifs internes et/ou d'entreprises (RSI, RCE ou RCI, au choix),  de pratiques managériales réinventées par … des outils, encore des outils ! 

Lorsqu’ils sont au service de l’idée, les outils sont formidables. Il arrive toutefois que l’on s’emballe un peu vite pour la technologie. A quand une application RH, voire une révolution à partir des objets connectés ? A venir en 2014 ?... 

En plein choc pétrolier, une publicité (vintage et ci-dessus !)  appelant au réveil national clamait : « En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées ! ». Rien ne remplace les idées. Surtout pas des nouveaux services ou produits annoncés comme des innovations voire des révolutions ! A ce sujet, je vous conseille la lecture (en anglais) du billet de Jerzy Ganzi, serial entrepreneur US sur la panne de l’innovation et ses possibles raisons ainsi que son commentaire en Français.

En conclusion, méfions-nous de l’innovation et de ses promesses d’un futur brillant… Comme nous le rappelle la formule de Peter Thiel (co-fondateur de Paypal),  « "On attendait des voitures volantes et à la place on a eu 140 caractères". Ce n’est déjà pas si mal…

Mais si, en plus, en 2014, on avait de bonnes idées RH ou autres…

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