Au début était l’entreprise et la vie était simple. D’un côté il y avait les patrons et de l’autre les ouvriers. Et puis le monde a changé. Et les patrons, aussi entrepreneurs soient-ils, ne pouvaient plus tout faire tout seul : place au chef puis au manager. Petit retour en arrière sur l’évolution des théories... Bien que celles-ci soient principalement américaines, il se murmure encore que le management serait une invention française (le terme, pas le concept) issu du verbe ménager : qui veut voyager loin, « manage « ses équipes ?
Management 1.0 : l’ère du chef
« Chacun son métier, les vaches seront bien gardées ». Cette moralité d’une fable de Florian (18ème, siècle, pas arrondissement) a sans doute inspiré Taylor (Frederick Winslow – 1856-1915, pas Swift) pour sa théorie de l'organisation scientifique du travail. Le chef se concentre sur la productivité et les objectifs en contrôlant que la meilleure façon de réaliser une tâche soit bien appliquée. La conception de cette « meilleure façon » devient le domaine réservé de l’Ingénieur, reclus dans son bureau des méthodes (tout s’explique ;-).
Cette vision de l’organisation rationnelle se retrouve aussi chez Weber (Max - 1864-1920, pas les barbecues) qui formalisa ce qui devait à tout jamais révolutionner l’organisation et la hiérarchie dans l’entreprise : l’organigramme et la bureaucratie rationnelle ! Cet économiste et sociologue allemand (je vous épargne le cliché du type organisé ou pas ?) a aussi souligné la notion de leadership dans ses écrits. Mais un leadership qui repose sur la compétence. Nous y reviendrons…
Management 1.1 : la découverte de l’humain
Décidemment, les aphorismes, citations et moralités sont bien utiles. Prenez Jean Bodin (16ème. Siècle toujours) et son fameux « Il n’est de richesse que d’hommes ». Est-ce ce qui a inspiré Mayo (Elton 1880-1949, pas le régime de la clinique) pour le mouvement des relations humaines et l’orientation du management comme l’art de gérer ces relations humaines ?
Le management devient ensuite l’art de gérer les motivations et les performances et c’est Maslow (Abraham - 1908-1970, rien à voir avec l’Egypte et les pyramides… quoique) qui en décrypte les ressorts aux travers des besoins primaires et sociaux de sa fameuse pyramide (ben si, il y avait un rapport).
A noter qu’en France, après-guerre (la seconde), on inventait le Cadre. Pas forcément manager, le cadre se distingue surtout par l'adhésion légale à des régimes particuliers dans la mesure où il n'en n'existe aucune définition. Un concept du management qui recueille peu d’écho à l’international…
Management 1.2 : le manager est mort, vive le leader ?
Je saute quelques étapes et quelques théories - McGregor (pas Ewan), Sloan (sans Peters) Drucker (je passe), Peters (sans Sloan, donc) et Waterman (sans stylo) – pour en arriver au profil qui pourrait marquer la fin des managers : le leader ! Rassurons-nous toutefois : le leader se décompose en plusieurs types, de nombreuses théories s’affrontent déjà, et, comme le manager, son salaire reste étal, il n’a pas d’assistante et on peut le joindre sur son portable à toute heure ! Rien de bien nouveau donc.
Management 2.0 : si on rajoutait 2.0 à management …
Une nouveauté chassant l’autre, il était bien naturel que le leadership, en pleine éclosion, soit remis aussitôt en cause. Les systèmes d’information, la génération Y, le besoin de personnalisation, le réchauffement climatique, et il doit bien exister plein d’autres trucs, plus ou moins légitimes, en cherchant un peu… Bref, pour plein de raisons, le leadership, c’est has been : vive le management 2.0 et une ressource inestimable : le capital humain.
N’étant pas expert en la matière et après quelques lectures, je n’ai pas constaté de grandes ruptures conceptuelles. En revanche, la course à la théorie continue : le management 3.0 est déjà en ligne, dans toutes les librairies et les formations sur ce nouveau sujet fleurissent…
Ecoles de management, project management, nouvelles tendances de management, community management, talent management... Le management est partout. Mais est-ce un statut (ou une mission) enviable ? Pas si sûr depuis la multiplication d'un phénomène qui ne doit rien à la théorie : le burn-out :-(
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