© John Veit (Travail personnel) [CC0], via Wikimedia Commons
Au départ (pendant la seconde guerre mondiale, donc avant internet ;-), c’était plutôt un truc de garçons. De militaires même ! Et de GI pour être précis. Un magazine américain, Yank, the Army Weekly, publiait régulièrement des dessins et photos de jolies filles que les militaires accrochaient sur leurs casiers, leurs paquetages, leurs casernements, voire leurs avions. Chacun ses jouets. « L’épinglage » était né et avec lui, l’âge d’or des pin-up ! Quelque soixante années, 60 à 70 millions d’utilisateurs (-trices) et une toute récente valorisation à 5 milliards de dollars plus tard (pour les chiffres, vous avouerez qu’on n’est plus à 10 millions près…), l’épinglage signe un retour en force avec le réseau social Pinterest !
Marque employeur : go for Pin ou Pin ailleurs ?
Et comme à leur habitude, les early adopters, évangélisateurs, tendanceurs, influenceurs, et plus largement, tout ce qui finit par « eur » nous avaient présenté Pinterest comme LE nouveau réseau de la marque employeur en images. Je dois toutefois reconnaitre que, certains ont, depuis, fait leur mea culpa, confessant un enthousiasme un poil trop débordant et prématuré pour ce nouveau jouet !
Je sais bien que les cordonniers sont les plus mal chaussés (je suis assez cordonnier moi-même) mais à étudier la présence RH / marque employeur de Pinterest sur Pinterest, il n’y a pas vraiment de quoi s’emballer car cette présence est… nulle. Et ce n’est pas un jugement de valeur, c’est juste qu’elle est inexistante. Et lorsque Pinterest recrute pour Pinterest, même pour des profils créatifs, un bon vieux site carrière avec de bonnes annonces bien structurées et sans image font l’affaire. Mais les cordonniers etc...
Faire monter l’épingle en succès ?
Afin de jauger voire de juger plus objectivement de l’intérêt de Pinterest comme plateforme d’expression de la marque employeur, il faut peut-être s’intéresser aux success stories et best practices afin d’éviter le fail (anglicismes compte triple !).
On y apprend d’abord que la plateforme est majoritairement fréquentée par des femmes à 80 %. Une bonne idée pour promouvoir la féminisation des effectifs en général (et des directions générales en particulier). A date, pas grand chose sur le sujet . Une mention cependant pour Accenture et son tableau carrières au sein du compte Women at Accenture, mention pondérée par 450 abonnés seulement …
On découvre ensuite que ce ne sera pas facile d’émerger dans la multitude parmi 5 millions d’épinglages quotidien et plus d’un demi-million de comptes business. On relativise immédiatement cette difficulté en constatant que 80% des épinglages sont en fait des ré-épinglages (ça se complique, vous suivez toujours ?) et on reste dubitatif en découvrant que le compte le plus suivi est celui de Joy Cho, une designeuse mode et culinaire basée à Los Angeles avec plus de 13 millions d’abonnés (ça change de Katy Perry, Justin Bieber ou Lady Gaga sur twitter ;-), que le tableau le plus populaire est « Delicious » avec près de 7 millions d’abonnés et que l’entreprise la plus suivie est la chaine de magasin de mode Nordstrom avec plus de 4 millions d’abonnés (qui n’en profite même pas pour glisser un mot sur ses RH…). Bref, du design, de la mode et de la cuisine jusqu’à l’indigestion. En clair, ça manque un peu de chats … et aussi de marque employeur.
Ils ont pourtant sorti leur épingle RH du jeu …
Le lecteur attentif aura noté à ce stade du billet que je m’interroge fortement sur la pertinence d’une présence marque employeur sur cette plateforme (Et je ne suis pas le seul à en croire le résultat de recherche ci-dessous, non dénué d'humour, je trouve).
Je ne serai toutefois pas aussi radical que ce blog qui, en 2012, qualifie Pinterest d’épiphénomène et de blog lifestyle du pauvre, avis que partage à cette même époque, une journaliste américaine au sens de la formule : « Pinterest ? Le dernier outil en date de perte de temps pour les masses ! ».
De nombreuses entreprises ou organisations ont, malgré tout, ouvert un compte "carrières" sur Pinterest et l'on peut s'interroger sur les motivations de ces présences. La marque employeur ? Vu l'audience, c'est un choix pour le moins osé dans la mesure où ces comptes peinent à fédérer quelques centaines d'abonnés, parfois quelques dizaines. Le recrutement ? C'est majoritairement l'ambition affichée, rarement atteinte, j'imagine. Ironie du sort ? Le compte carrière le plus suivi est "Careers for your Cat" (Les chats, enfin...) avec un peu plus de 3 000 abonnés :-)
Alors pourquoi ? Et si nous appelions un chat un chat (2 citations me semblent justifier une présence dans le titre) et si nous laissions la marque employeur en paix pour admettre que ça ressemble à de la communication, tout simplement. Pinterest gagne ses galons sur la génération de trafic, sur l’engagement et le référencement des images (sur le e-commerce aussi mais ce n'est pas le sujet). Une brique intéressante dans un dispositif social media, non ? Et une communication réussie peut largement contribuer à l'image et la réputation d'un employeur. Parmi les comptes "careers" de Pinterest, le meilleur côtoie surtout et malheureusement le pire. Pour un BNP Paribas avec +/- 550 abonnés (déjà évoqué ici), combien d'infographies miteuses, d'images principalement composées de textes (!!), de photos qui nous rappellent que photographe, c'est un métier et que la communication, c'est un investissement... "On a fait avec les moyens dont on disposait..." Soit. Alors faites autre chose, mais faites le bien...
La semaine prochaine, je ne vous parlerai pas d’Instagram et de la marque employeur… Sauf si vous insistez ! ;-)
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