Réponses de Jean-Charles Pomerol, co-auteur avec Yves Epelboin et Claire Thoury de l’ouvrage LES MOOC, Conception, usages et modèles économiques, Dunod, 2014.
Qu’appelle-t-on les MOOC ?
Les MOOC (Massive Online Open Courses) désignent des cours en ligne ouverts au plus grand nombre. En 2001, le MIT (Massachusetts Institute of Technology) créait le premier OpenCourseWare. Mais c’est en 2008 que l’université de Stanford lance le premier cours d’informatique à l’origine de Coursera, plateforme qui compte plus de 600 cours en ligne.
Le MOOC propose des enseignements à distance très élaborés incluant vidéo, documents, exercices, quiz et interaction avec les étudiants. Il s’apparente à une forme de e-learning gratuit auquel s’ajouteraient les réseaux sociaux. Cette combinaison crée une double interactivité : horizontale entre ceux qui suivent le même cours et verticale avec les enseignants.
À qui s’adressent-ils ?
Actuellement, le public des MOOC a une moyenne d’âge d’environ 27 ans, il est plutôt diplômé et formé et capable de suivre les cours en ligne. Les MOOC fonctionnent selon une pédagogie inversée : les étudiants consultent le cours puis ils questionnent l’enseignant à distance. Ce modèle pédagogique a d’autant plus d’avenir que les étudiants possèdent au moins un smartphone et un PC ou une tablette et que les générations futures auront de plus en plus de difficultés à suivre un cours magistral. Ils pourront ainsi consulter le cours à distance puis venir en travaux dirigés poser des questions à l’enseignant.
Le concept s’étend progressivement à tous les niveaux d’enseignement, ainsi qu’aux retraités et au public souhaitant simplement se cultiver. En France, la plateforme FUN du ministère de l’Éducation nationale propose pour la rentrée 20 nouveaux MOOC sur des sujets très variés : entrepreneuriat avec l’ESSEC ou le CNAM, économie de l’innovation avec l’Université de Bordeaux, sécurité de l’information avec l’Université de Normandie, etc.
Les entreprises s’intéressent de plus en plus aux MOOC pour des formations externes ou internes, ou privilégient le format SPOC (Small Private Online Course) pour un cours privé réservé aux collaborateurs d’une société.
Quels sont les grands choix techniques pour lancer un MOOC ?
Les MOOC s’appuient sur les plateformes e-learning telles que Moodle ou Claroline en France. Aux États-Unis, deux plateformes spécialisées, Coursera et edX, rassemblent la majorité des MOOC des universités américaines.
Une plateforme de MOOC doit disposer d’un serveur puissant capable de gérer un nombre important de connexions simultanées, des forums, des éditeurs d’exercices et les différents échanges existants, horizontaux comme verticaux.
Quel business model se profile pour les MOOC ?
Il n’existe pas véritablement de business model pour l’instant. En France, certaines universités ou écoles d’enseignement supérieur créent des MOOC pour mieux se faire connaître et mettre en avant leurs champs d’expertise, bien que les MOOC ne délivrent pas de diplôme et ne soient pas rentables. Les Small Private Online Courses (SPOC) apparaissent dans les universités. Ils sont utilisés comme des MOOC internes destinés à un petit nombre d’étudiants d’un certain niveau, et pourraient être payants.
À l’avenir, ce type de plateforme pourra être utilisé à tous les niveaux de l’enseignement, de la formation initiale en primaire à la formation continue en entreprise. Le modèle payant viendra sans doute des entreprises de soutien scolaire qui s’adressent à un plus large public et font déjà payer leurs services ; elles s’y intéressent déjà et proposeront un tuteur en complément des cours et exercices en ligne. Les grands organismes de formation vont certainement faire également évoluer leur modèle vers les MOOC.
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