60 000 postes créés pour l’éducation.

Lors de sa campagne présidentielle, François Hollande s’était engagé à créer de nombreux postes dans l’éducation lors de son quinquennat. Pari tenu ?

« Planifier 60 000 créations de postes dans l’éducation sur le quinquennat en pleine période de crise de recrutement d’enseignants avait tout d’un coup de poker. Il est trop tôt pour dire si l’engagement pris par François Hollande pendant la campagne présidentielle de 2012 sera tenu, mais les résultats des concours 2014, publiés progressivement jusqu’au 13 juillet, montrent qu’il existe encore des raisons d’y croire.

Cette année, exceptionnellement, deux capes ont été organisés pour relancer la machine : une première session, dont les écrits ont eu lieu en 2013 et les oraux en 2014, et une seconde, entre avril et juillet. Au total, ces deux vagues devraient permettre à l’éducation nationale de recruter plus de 10 000 professeurs certifiés de collège et lycée, quand la droite, en 2011, ne parvenait pas à en recruter moitié moins.

« DOUBLONS »

L’objectif n’est pas atteint pour autant. Un peu plus de 30 % des postes n’ont pas été pourvus au premier concours, et 15 % des postes au second. Les difficultés se concentrent dans des disciplines structurellement déficitaires : les lettres classiques (la moitié des postes non pourvus au second concours), les mathématiques (33 %), l’allemand (35 %) et, dans une moindre mesure, les lettres modernes (17 %), l’anglais (8 %) et l’éducation musicale (5 %).

A l’agrégation, 91 % des places ont trouvé preneur. Là encore, ce sont principalement les mathématiques qui tirent le chiffre des recrutements vers le bas. Enfin, le concours de professeur des écoles a pratiquement fait le plein (8 405 des 8 500 postes sont occupés, selon le SNUipp-FSU).

Reste une inconnue avant d’établir un bilan définitif : une partie des candidats se sont présentés aux deux sessions à la fois pour doubler leurs chances. S’ils sont deux fois admis, ils laisseront l’une de leurs deux places vide et gonfleront le nombre de postes vacants. Le ministère de l’éducation nationale n’a pas, pour l’heure, communiqué le nombre de ces « doublons ». Dans certaines disciplines, il pourra avoir recours aux listes complémentaires, des listes d’attente qui servent à remplacer les lauréats qui se désistent.

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APPEL D’AIR CHEZ LES ÉTUDIANTS

Quoi qu’il en soit, la Rue de Grenelle pourra se targuer d’avoir réussi à infléchir une courbe que l’on croyait immuable : celle des candidats aux concours, qui était en chute libre depuis 1997. Pas la peine d’aller chercher très loin les raisons de cet attrait retrouvé pour le métier : il tient pour l’essentiel à la relance des recrutements. Le slogan des « 60 000 créations de postes » a créé un appel d’air chez les étudiants. Le message leur a été envoyé que le professorat offrait des débouchés et, dans un contexte de chômage, il est particulièrement incitatif.

C’est une constante dans l’histoire : peu de postes aux concours, peu de candidats, et vice versa. Selon les périodes, les étudiants ont donc affaire à des concours plus ou moins sélectifs. « A cet égard, on ne peut qu’admirer la régularité des mouvements : hausse de 1960 à 1974, baisse de 1975 à 1981, hausse de 1982 à 1993, baisse de 1994 à 2011… », rappelle Pierre Arnoux, professeur à la faculté de sciences de l’université d’Aix-Marseille.

Reste à savoir quand interviendra le prochain coup d’accordéon. Si la probable baisse du nombre de départs à la retraite dans les prochaines années venait à se confirmer, il y aurait moins de besoins de recrutement. Le ministère pourrait alors décider de mettre moins de postes aux concours, donc il y aurait moins de candidats… puis dans dix ans, une nouvelle explosion des besoins ! »

Source : Le Monde