Vers les '90, Nortel était un exemple en éthique
J'ai bien apprécié la conférence de René Villemure, éthicien et chasseur de tendances. Dans les premières minutes il rappelle que dans les années 90, l'entreprise qui avait la plus belle démarche écrite en éthique était... Nortel !
L'Éthique "quossa donne ?"
L'éthique n'est pas de la déontologie ni de la conformité. Pour les démêler, on peut dire que les cas "réguliers" sont couverts par les règles, les codes de déontologie, etc. Ce sont les cas "irréguliers" qui posent problème, lorsque la règle ne s'applique pas facilement, où on utilise l'éthique pour les résoudre.
Ainsi, l'appellation code d'éthique n'est pas exacte, ce serait plutôt code de déontologie, parce que les cas irréguliers ne peuvent pas y être inclus. Ceux là nécessitent une réflexion éthique, parce qu'ils ne sont pas noirs ou blancs, aisément circonscrits par le code ou les règles. M. Villemeure donne l'exemple d'un mensonge qui peut devenir acceptable pour préserver quelque chose d'important.
Testons l'éthique d'une situation
Une situation faisant appel à l'éthique demande ce questionnement :
1- est-ce légal ?
2- est-ce que ça serait bien vu si ça sortait dans les médias ?
3- est-ce que c'est juste ?
On pose souvent la 1re, parfois la 2e mais on se rend rarement à la 3e qui est pourtant un aspect fondamental du comportement éthique.
L'éthique se définit trop par ce qui n'est pas éthique. On ne voit que le manquement, encore plus s'il est visible sur la place publique. L'éthique c'est donner le sens à une conduite. Elle est affaire de culture plutôt que de structure. On ne peut pas rendre les gens éthiques.
L'éthique définie par les valeurs
Les valeurs collectives définissent en réalité l'éthique interne : ce qui est juste, acceptable. Une valeur doit être reliée à la mission de l'entreprise.
Une valeur doit :
1. nécessairement avoir un contenu moralement positif : la transparence n'est pas nécessairement positive en soi.
2. contenir sa raison d'être : elle doit se suffire à elle-même, on est honnête en soi, la transparence sera plutôt en fonction du contexte.
3. être définie de façon collective.
Par exemple, lorsqu'on parle du respect, cette valeur signifie-t-elle l'obéissance aux règles? un respect envers les objets, ou envers les gens? Un respect réel envers les personnes parle moins d'obéissance que de traiter les autres comme on aimerait être traité. Les valeurs se vivent toujours en groupe, envers d'autres personnes.
Peut-il y avoir trop de valeurs ?
Trop de valeurs différentes noie la communication. Mais peut-il y avoir trop d'une seule valeur ? Ça dépend de la manière dont elle est vécue, par exemple trop de loyauté = collusion !
On ne peut pas voir les valeurs réelles dans la tranquillité, on les teste quand surgissent des situations difficiles...
La suite la semaine prochaine, avec les pièges en lien avec l'éthique.