Jeudi 23 avril

Par Kity K

La fin des vacances approche et je n'ai toujours pas réussi à me mettre au travail. "Parfois je me sens comme Dr. Jekyll et Mister Hyde", oui c'est tout à fait ça. J'ai plein d'idées pour le travail, d'un côté j'ai envie de faire plein de choses, je ne peux m'empêcher de me dire "tiens ça ça pourrait être intéressant pour la classe" en voyant certaines choses, et d'un autre je n'arrive pas du tout à m'y mettre. Quand je pense qu'avant je faisais passer le travail avant tout et qu'aujourd'hui tout est bon pour le repousser au lendemain. Je n'ai que deux jours à préparer pour la semaine prochaine et j'en fais une montagne.
N'oublions pas non plus la belle nouveauté M@gistère... la formation à laquelle je me suis inscrite est fermée depuis bientôt un mois, évidemment je ne l'ai su qu'au dernier moment... BEN OUI! On avait oublié de m'inscrire à cette formation, ZUT ALORS! Il paraitrait qu'on peut quand même toujours y accèder... Je pensais faire ça pendant les vacances, eh bien c'est mal parti!
Et il y a aussi le mouvement! Je n'ai toujours pas mis mon nez sur la plateforme pour faire mes voeux... Je ne sais pas trop ce que je vais demander, de toute manière je me dis que, quelques soient mes choix, mes voeux passeront tous à la trappe et que je ne serais informée qu'une semaine (si j'ai de la chance) avant la rentrée de septembre 2015 du poste que j'occuperai.
Tout cela semble peu mais ça suffit pour m'énerver. Il faut que je m'y mette bon sang! Certaines personnes diront que j'ai largement le temps d'ici lundi, simplement j'ai toujours été habituée à faire les choses en avance... J'ai beaucoup de mal à travailler dans la précipitation depuis que j'ai fait mon burn  out, lorsqu'un certain niveau de stress est atteint je deviens totalement inefficace! Le black out! En général une fois lancée, je n'ai plus de soucis... Le tout c'est de réussir à se lancer...
Je suis à mi-temps et je me plains, qu'est-ce que ça va être quand je reprendrai à temps plein? J'ai déjà l'impression que le temps passe à une vitesse incroyable, j'ai peur de me sentir à nouveau débordée par les événements... Mais bon, nous n'y sommes pas encore, pensons à l'instant présent, chaque chose en son temps, la suite on verra ça plus tard.

Il y a des moments où je culpabilise car j'ai l'impression de trop en faire et de passer mon temps à me plaindre alors que j'ai un travail. J'ai la chance d'avoir fait un parcours sans faute, de tout avoir obtenu du premier coup, d'être devenue prof alors que des tas de gens voudraient être à ma place et exercer ce métier mais n'y parviennent pas... ou que d'autres voudraient tout simplement avoir un métier! J'ai la chance d'avoir un métier stable et des revenus corrects (bien que pas suffisamment élevés par rapport au niveau d'études et exigences à mon goût). J'ai la chance de ne pas m'ennuyer dans mon travail... Malgré ça, je reste toujours partagée entre culpabilité et rancune, amour et haine du métier, joie et tristesse, reconnaissance et colère, générosité et égoïsme, implication et je m'en foutisme...


Concernant mon mi-temps, je navigue dans un magnifique flou administratif depuis environ 7 mois. Je n'ose pas trop évoquer ma situation qui est assez particulière mais l'administration commence sérieusement à me taper sur les nerfs... Vous voulez des renseignements? Personne n'est au courant de rien, ah bah on va aller loin comme ça!
Les mi-temps thérapeutiques sont accordés par période de 3 mois et peuvent être renouvelés un an pour une même pathologie sur toute une carrière. Pour qu'un mi-temps thérapeutique soit accordé, il faut avoir été en congé longue maladie et être passé devant un expert.
La dernière fois que j'ai vu un expert remonte presque à un an pour la prolongation de mon CLM et ma reprise à mi-temps. J'ai fait une demande de renouvellement de mi-temps sur une période de 3 mois, un mois et demi avant la fin de mon premier mi-temps... car oui, il faut s'y prendre à l'avance pour avoir le temps de passer devant l'expert et que le dossier soit vu par le comité médical. Ca l'inspection ne manque pas de vous le rappeler, appels téléphoniques, mails et courriers pour vous dire "attention il est temps de faire la demande!"... Par contre eux de leur côté peuvent prendre touuuuuuuuuuuuuuut leur temps. J'ai reçu un courrier une semaine plus tard disant que je recevrais une convocation pour passer devant un expert et depuis RIEN
Janvier. La fin du mi-temps approchant et n'ayant toujours aucune nouvelle, j'ai harcelé l'IA : mails à répétition, appels téléphoniques pour essayer d'avoir la chef de division qui n'est soit disant jamais disponible, les CPC ne savent rien, l'IEN ne sait rien et "a d'autres choses à faire pour le moment"... il s'occupera de moi quand j'aurais eu RDV avec l'expert... OOOOOOKKKKK! Et en plus, comme si ce n'était pas déjà suffisamment chiant et énervant, on vous parle comme si vous étiez le dernier des abrutis et des emmerdeurs!
Il a fallu que j'envoie un courrier en recommandé avec AR pour avoir une "réponse" (ou plutôt un semblant de réponse) du grand manitou... Notons que ça leur a pris quand même un mois pour rédiger ce courrier... On travaille dur à l'IA! Ce courrier me disait que je restais à mi-temps tant que je n'avais pas vu un expert et que mon dossier n'était pas passé devant le comité, qu'il n'y avait pas eu de comité en décembre et en janvier, qu'il était donc normal que ça traine. Me voilà bien avancée!
Nous arrivons en mai, ma demande de prolongation (on va dire donc deuxième période de mi-temps) allait jusque avril. J'aurais souhaité voir pour reprendre à temps plein, mais non je ne peux pas, c'est le flou artistique!

Je continue de travailler et suis donc à mi temps depuis bientôt presque 5 mois alors que ma situation n'a pas été régularisée! Et là viennent les craintes : que va-t-il se passer si ma demande de prolongation est refusée? Que va-t-il se passer pour la période qui dépasse cette demande de prolongation? Va-t-on me demander de rembourser la moitié de mon salaire depuis début 2015 en estimant qu'il y a un trop-perçu? Va-t-on considérer que je me suis prise des vacances la moitié de la semaine depuis tout ce temps?
Je ne suis même pas sûre qu'ils soient en règle. Je sais que pour reprendre à temps plein après un CLM il faut obligatoirement être passé devant un médecin et avoir eu l'accord du comité. En gros, pas le droit de travailler tant qu'on n'a pas examiné votre situation. Qu'en est-il pour les mi-temps thérapeutiques? Est-ce légal de me faire travailler alors que je n'ai vu personne?


Je trouve tout cela totalement aberrant. Vous avez vu les actualités dernièrement? On pleure sur le fait qu'un pilote se suicide aux commandes d'un avion de ligne, on s'étonne de trouver des pédophiles un peu partout dans l'Education Nationale... Mais quand on voit comment la situation des salariés est suivie ça ne devrait pas être une surprise! Fouillez un peu je suis sûre que vous en trouverez plein d'autres des histoires similaires!
Je ne sais pas vraiment quel est mon diagnostique, j'en ai eu tellement... Je suppose qu'aux yeux de l'Education Nationale et du comité je suis en dépression ou burn out. Ils ne savent pas tout de ma situation, je me suis contentée de dire que oui j'avais des idées noires, mais je n'ai pas dit que j'étais allée jusqu'aux tentatives de suicide ayant peur que cela me cause des problèmes.
Je fais mon métier sérieusement, j'arrive à tenir à peu près et je pense être professionnelle et bienveillante avec les enfants... mais qu'en serait-il si j'avais une pathologie/des idées qui pourraient me mettre en danger moi ou les élèves? Et si je pétais un câble encore à cause du boulot et qu'il m'arrivait quelque chose de grave? Et si je pétais un câble au boulot et que cela avait des conséquences sur les élèves? Elle est où la sécurité des travailleurs et des élèves là-dedans?
Alors non. Non ça ne m'étonne pas qu'on soit en train de trouver des pédophiles partout. Ca ne m'étonne pas que des profs ou personnels de l'Education Nationale se suicident sur leur lieu de travail. Ca ne m'étonne pas qu'on laisse des incompétents, alcooliques, drogués, personnes violentes et j'en passe dans les classes. Il semblerait que l'Education Nationale se contrefout bien de votre bien-être et de celui de vos élèves (/vos enfants pour les parents). De toute manière ils savent bien faire passer ça sous silence et se décharger de toute responsabilité lorsque quelque chose de grave arrive! Ce n'est jamais de leur faute!
Je suis peut-être radicale dans mes propos mais j'en ai ras-le-bol! Ras-le-bol quand je vois qu'ils pleurnichent alors qu'ils ne font que "récolter ce qu'ils ont semé", ras-le-bol des non-dits et de voir des gens aussi incompétents se faire passer pour des modèles!
Alors que j'écris tout ça je me demande si je fais bien d'en parler. Je suppose que vu la teneur de mes propos je m'attirerais sans doute des problèmes si on venait à savoir qui je suis... Mais après tout,  ne suis-je pas aussi dans mon droit en cherchant simplement à savoir ce qu'il en est de ma situation administrative? N'est-ce pas normal d'être en colère quand on est pris de haut et que l'on obtient rien lorsque l'on veut simplement avoir des renseignements? Je fais mon travail, alors que eux aussi face le leur!

Kity K