Lundi 27 septembre - jour de rentrée

garfield

Nous sommes lundi, c'est le jour de la rentrée. J'ai passé le 3 derniers jours à ronchonner, angoisser et essayer de me remettre au travail. J'ai réussi à préparer ma semaine samedi mais hier j'étais totalement inefficace, bouffée par le stress, incapable de ranger au moins mes affaires pour le lendemain. Il a fallu que le soir arrive pour que je puisse enfin me pousser aux fesses et m'y mettre. Je suis de mauvaise humeur, je n'ai pas la tête à trainer sur facebook, les pages, le blog et le groupe créé... J'essaye d'éviter ce qui me fait penser au boulot. J'aimerais vraiment pouvoir me changer les idées mais évidemment il n'y a rien à la tv. Misère. Je cherche des occupations, tout ce qui pourra me vider la tête mais c'est dur. Je me couche vers 23h et ça y est c'est parti, la fin des vacances est arrivée.
Comme d'habitude nuit de misère, je me réveille à 2h, puis à 4h, puis à 5h... et comme d'habitude, je finis par me lever avant que mon réveil ne sonne à 6h. La nuit a été agitée, je n'ai pas arrêté de faire des cauchemars mais j'essaye de me sortir tout ça de la tête et de me concentrer (pour ne pas dire me préparer psychologiquement) à cette rentrée. Je bois mon café, mais impossible d'avaler quelque chose... Etrange, pour moi la grosse goinfre du matin... J'ai plutôt envie de fumer, fumer, fumer, fumer... Bon une bonne douche et nous verrons bien si l'appétit se fait sentir après.
Non. Je suis obligée de me forcer... Après ce petit rafraichissement, je me sens un peu mieux, je dirais même que je suis motivée pour aller à l'école.

8h, je débarque à l'école, et comme tout les lundis c'est la course (eh oui je ne bosse pas le vendredi, et il est hors de question que je passe mes week-ends à l'école donc c'est la précipitation le lundi matin) : photocopies en veux-tu en voilà, préparer la classe pour l'accueil, préparer les groupes pour les ateliers, préparer le matériel pour les ateliers, discuter avec l'ATSEM du travail prévu pour la journée...
8h20, les élèves arrivent déjà. Officiellement je commence à 8h50, mais j'arrive toujours vers les 8h pour avoir le temps de préparer la classe SEULE (comment voulez-vous vous concentrer avec des élèves qui gravitent autour de vous). Donc 8h20, ma journée commencent pour de bon... Eh oui on parle d'heures sup'? Je fais 30 minutes de bénévolat tous les matins pour accueillir les élèves et les parents qui arrivent, leur rappeler ce qu'ils ont à faire, calmer les pleurs, m'assurer que chacun trouve une activité histoire que ce ne soit pas la foire et garantir la sécurité.
J'essaye de jauger un peu le niveau d'excitation : l'ambiance est électrique ça semble mal parti pour la journée.

Une fois tout le monde arrivé, on range et on se regroupe. Je suis seule, l'ATSEM doit quitter la classe pendant une bonne vingtaine de minutes, autrement c'est encore la course, j'ai l'impression de devoir me couper en plusieurs morceaux pour dire de ranger, aider à ranger, gérer les disputes, gérer ceux qui font la foire... J'essaye de les regrouper... C'est très, trop, bruyant à mon goût. Je ne sais pas si c'est moi qui suis stressée, fatiguée (après deux semaines de vacances, c'est possible ça???) mais en tout cas ils m'énervent déjà. Je suis obligée de les rappeler à l'ordre je ne sais combien de fois, de m'interrompre constamment, de dire à bidule et machin de rester ASSIS PAR TERRE au lieu de se balader partout... 
Arrive le temps de la boisson, temps totalement insupportable lorsque l'ATSEM n'est pas là pour aider. Ca crie, ça crie, ça crie, ça se bouscule, ça renverse les verres, ça me fatigue, ça m'énerve, j'ai déjà envie d'arriver à la fin de la journée. J'attends désespérément que mon ATSEM refasse surface... ce temps est long, suffisamment long pour que mes 25 petits soient en train de bouillir. L'ATSEM arrive... passage aux toilettes en demi-groupes, j'espère que la suite se passera mieux.
Je décide d'étudier un nouvel album avec les élèves en demi-groupe... peine perdue, ils n'écoutent vraiment rien, je n'aurais pu lire que 4 pages de cet album sur une dizaine de minutes.
On continue? Motricité. Horreur. 25 électrons libres aux oreilles bouchées et aux cordes vocales bien aiguisées. J'ai quand même à peu près réussi à atteindre mon objectif, mais ce ne fut pas sans peine.
10h15, c'est enfin l'heure de la récréation. Je suis déjà à bout et j'espère que la suite sera plus calme. Non, j'ai besoin d'un petit coup de pouce : je sors mon kit de survie et avale mes anxiolytiques. Pas de vrai repos pendant la récréation, eh oui il y a toujours des élèves en train de graviter autour de vous pour vous raconter leur vie... oui au début c'est mignon, mais à la longue et lorsque vous êtes fatiguée, énervée, plongée dans le bruit, vous n'avez qu'une envie : qu'on vous foute la paix.

Retour en classe, c'est l'heure des ateliers. Pour ne rien changer j'ai beaucoup de mal à faire passer les consignes... bon le travail est quand même respecté. Par contre mon atelier dirigé est un véritable cauchemar : sur 5 élèves je n'en ai qu'une qui écoute. Les autres jouent avec leurs étiquettes, le matériel, n'écoutent pas les consignes, ne comprennent rien... C'est moi qui suis à côté de la plaque ou eux qui ne sont pas concentrés? J'abandonne.
La fin de la matinée arrive, je tente un bilan histoire de parler du travail que l'on a fait et de reprendre les points qui ont posé des problèmes... Encore une fois c'est peine perdue... Bon dieu mais qu'est-ce que je fous là moi? C'est enfin l'heure de les quitter pour la pause du midi, j'ose espérer qu'ils seront un peu plus attentifs pour le reste de la journée.

Je prépare ma classe et pars m'isoler dans ma voiture. J'ai besoin d'être seule. J'ai la boule à la gorge. Je me demande comment je vais bien pouvoir faire pour pouvoir supporter ce métier toute ma vie... Si seulement je pouvais revenir en arrière... D'un autre côté j'essaye de relativiser : c'est la rentrée, ils doivent se remettre dans le bain (moi aussi d'ailleurs), ils faut qu'ils se réhabituent aux règles... Oui c'est normal... Mais ça me saoule quand même.
Je n'ai même pas envie de manger, je me contente d'avaler 3 mandarines histoire d'avoir un minimum de chose dans l'estomac... Je me gave d'anxiolytiques (à ne pas faire, je ne suis pas un exemple à suivre là-dessus... On va dire que c'est une de mes dérives, la tendance au surdosage) et je retourne dans la classe... porte FERMEE, je veux qu'on me foute la paix.
J'aurais besoin d'écrire à ce moment-là, de vider mon sac, j'aimerais avoir mon ordinateur pour pouvoir écrire sur mon journal intime du moment = ce blog. Faute de moyens, je me lance dans le dessin jusqu'à ce que mes élèves reviennent.

L'après-midi est un peu plus supportable. Mon groupe d'atelier dirigé travaille bien, ouf! Victoire! Ma séance n'était finalement pas si merdique que ça. Les élèves ont respecté les consignes que je leur avais données et on arrive enfin à la fin de la journée... Mais quelle journée.
Je suis là en train d'écrire alors que je n'ai qu'une envie : dormir. Je pense qu'il faut avoir fait ce genre de travail pour comprendre, c'est usant nerveusement, physiquement (si si toujours debout à courir à droite à gauche), on passe son temps à répéter, sans oublier le bruit dans lequel nous baignons toute la journée.

Avant de partir j'ai l'heureuse surprise de recevoir un planning pour demain : c'est la photo de classe.
1) Je déteste ça... mais ce sera une première pour moi car ma toute première photo de classe en tant que PE.
2) Le planning : photos des profs, photos profs et élèves, photos individuelles pour les élèves... autrement dit une matinée en découpée... chouette, tout le monde apprends ça la veille, je suis obligée de changer mon programme du lendemain car en plus je n'aurais pas ma précieuse ATSEM avec moi pour gérer les ateliers.
J'ai la flemme, j'en ai marre, je suis crevée et n'ai aucune envie de changer tout ce que j'ai prévu alors tant pis, demain nous partirons pour une journée d'improvisation... De toute manière entre les photos, la rentrée et mon humeur de cochon il y a de fortes chances pour que la plupart des trucs que je prévoyais tombent à l'eau! 

Kity K