© Alexander Calder Gemeentemuseum sur flickr
Le monde bouge et se transforme. Ce ne sont ni les médias ni la communication (et surtout pas les influenceurs) qui nous diront le contraire. Pourtant, quelques sujets semblent rester hermétiques aux sirènes de la mutation et de la transformation ! Un nécessaire besoin de repères et de stabilité ?
Chic planète...
Prenons la météo. Voilà un sujet planétaire qui affiche clairement son invariance et sa stabilité. Est-il bien nécessaire de consacrer près de 5 à 10 minutes chaque soir à une information dont on nous annonce déjà qu'il est possible qu'elle soit erronée (par un indice de confiance variable, tout comme le temps) ? Et bien oui. Et pas seulement pour de sombres raisons mercantiles (la météo vous est présentée par tout un tas de marques dont la présentation est aussi longue que l'improbable annonce d'ondées passagères). Ou pour un motif de conversation tout trouvé pour débuter un entretien avec légèreté : " Le temps s'est dégradé ces derniers jours, vous ne trouvez pas ? Un peu à l'image de votre orthographe dans le dernier paragraphe de votre candidature... " ?
L'objectif premier est de nous rassurer par un repère invariant : notre bel hexagone vu du ciel (merci de remplacer l'hexagone par tout autre figure géométrique adaptée à la configuration de votre territoire). Quoi de plus rassurant que les immuables contours de nos continents (les contours, pas les frontières), jour après jour et année après année (il y a bien quelques centimètres, voire quelques kilomètres qui disparaissent ici ou là mais vu de très haut... #RechauffementClimatique).
Non, non. Tout mais pas ça...
L'emploi bouge et se transforme. Ce n'est pas la blogosphère ni la twittosphère (et surtout pas etc...)... Pourtant, il est un sujet qui semble rester hermétique aux sirènes de la mutation et de la transformation ! Un nécessaire besoin de repères et de stabilité ?
J'aurais pu vous parler de la courbe du chômage qui, mois après mois, affiche une inquiétante stabilité à la hausse. Mais une hausse, certes constante, c'est un mouvement. Et le chômage est une situation des plus instables...
J'aurais pu vous parler des canaux du recrutement. Mais non. De ce côté, ça innove sans arrêt. Une vraie révolution digitale ! Ils se multiplient, se socialisent, se " twittent " ou se " like " d'un doigt... Mais rien n'y fait. Invariablement, l'insoluble équation perdure : comment faire coïncider l'offre entre 1,74 million de postes non pourvus, (soit 2,3% de plus, après une hausse de 5,4 % en 2013) et plus de 5 millions de demandeurs d'emplois toutes catégories confondues. A croire que la fluidification promise ne concerne que les candidats passifs. Expression consacrée pour parler de ceux qui sont déjà en poste...
J'aurais pu vous parler des critères de recrutement... J'aurais pu. Mais là encore, je lis partout que les critères évoluent. Fini les diplômes ! Place aux compétences, aux potentiels et aux personnalités, au matching aspirationnel, au prédictif et au big data... En ajoutant l'omni-critère à l'omni-canal, ça finira bien par omni-évoluer, non ? ...
Mobilis In Mobile
Alors, quel est donc ce sujet qui reste stable dans ce monde RH en ébullition ? Tout de même pas le regard des jeunes générations sur l'attractivité des entreprises... Ben si. Moi qui pensais benoitement (ou chafouinement, synonyme à l'usage peu répandu dans la galaxie numérique) que les nouvelles générations avaient pris pour habitude de bousculer les hiérarchies établies, conforté dans cette certitude par 3 études récentes* et dignes de crédit : toutes nous parlent du fossé qui se creuse, de désamour pour l'entreprise et de l'attrait pour la création d'une start-up (idéal partagé par près d'un jeune sur deux)...
Oui mais voilà. 2 autres études** ayant pignon sur rue (aucun rapport avec François Pignon, personnage cinématographique de Francis Veber dans l'Emmerdeur, le Placard, la Doublure ou le Dîner de cons) viennent bousculer les certitudes et rétablissent un ordre qui semble immuable : les entreprises les plus attractives de 2015 aux yeux des jeunes diplômés sont les mêmes que celles de l'année dernière... et que les années d'avant ! 2015 affiche de surcroît une rare stabilité : pour l'une d'entre elles, le top 10 de 2015 est exactement le même que le top 10 de 2014 ! Aucune variation, pas même d'une petite place... Quant à la nature des " lauréats ", on est assez loin de l'idéal exprimé pour la start-up...
Alors que croire ? ( ...ou qui croire ?). Besoin de stabilité et de conformisme au moment de déposer son bulletin pour l'emploi dans l'urne du formulaire standardisé de l'ATS ou paradoxe supplémentaire pour le marché de l'emploi ? Méfiance toutefois. Car les classements et les palmarès sont, tôt ou tard, remis en cause. Regardez la première page de résultat de Google. Une place de choix, durement acquise par des années de référencement peut être remise en question par la grâce d'un changement d'algorithme. Existe-t-il un algorithme de l'attractivité pour les employeurs ? Si oui, c'est un secret jalousement gardé. Et si non... c'est une idée de start-up !
* Baromètre annuel sur l'humeur des jeunes diplômés - Deloitte / Ifop II NewGen Talent - Edhec II Focus sur les 15-20 ans. BNP Paribas / The Boson Project