Grace aux moyens modernes de communication, nous avons maintenant une expérience communicante plus riche dans nos vies privées qu’au sein du cadre de travail fourni par l’entreprise. Qu’internet, livré à lui-même car ayant dépassé un seuil critique, présente un caractère essentiellement social – je prends le phénomène Facebook à témoin – voila un fait expérimental très important qui donne à réfléchir.
Ce surcroit d’intensité dans nos relations, entre humains et donc aussi entre et avec les entreprises, augmente le “degré de complexité” de notre environnement économique. Il n’est donc pas étonnant d’y voir émerger le concept d’écosystème d’affaires qui représente l’intégration des activités de différentes entreprises autour de logiques de coopération. Dans un commentaire sur ce blog, Thierry Isckia nous a expliqué que James Moore a introduit en 1993 le concept d’écosystème d’affaires parce qu’il pressentait les limites des stratégies concurrentielles classiques et l’émergence d’une nouvelle logique coopérative et collective. Cette notion d’écosystème rend bien compte de la diversité des modes d’interaction dont disposent désormais les entreprises dans un environnement élargi par les moyens de communication.
Dès lors, comment le concept d’entreprise lui-même pourrait il rester inchangé lors de cette évolution vers la vision écosystèmique ? En réfléchissant aux écosystèmes d’affaires, ne devrions nous pas penser également aux écosystèmes d’humains dans les entreprises ? Ouvrir l’entreprise vers son environnement, son écosystème d’affaires, n’implique t il pas aussi de s’ouvrir aux autres dans l’entreprise ?
Enfermé dans des structures hiérarchiques conçues pour garder le contrôle, le collaborateur est souvent contraint de se dissoudre dans l’entreprise sans pouvoir mettre en avant la richesse de sa singularité ce qui, in fine, nuit au collectif. Développer un écosystème humain dans l’entreprise consiste au contraire à favoriser l’émergence de structures informelles pour résoudre des problèmes, innover en mobilisant toutes les intelligences et tous les savoirs disponibles. Comme l’explique très bien Olivier Zara, il s’agit de donner à chacun la possibilité de construire sa marque personnelle à partir de ses aptitudes, compétences et qualités et de la conjuguer avec d’autres pour son propre bénéfice et celui du collectif.