Dans ses efforts pour développer l’intelligence collective dans les entreprises, l’éminent Olivier Zara nous rappelle que l’achat d’une solution Web 2.0 ne rendra pas automatiquement votre entreprise intelligente. Au contraire, dans un article repris par Le Monde il explique que « cette approche marketing semble finalement contre-productive puisqu’elle culpabilise l’entreprise dans sa culture et son fonctionnement ». Il résume cela par la formule : « Ce qui n’existe pas dans le réel, n’existe pas dans le virtuel » : si vous n’êtes pas « 2.0 » dans votre fonctionnement, ce n’est pas un logiciel qui vous le fera devenir.
Ce que dit Olivier est incontestable mais l’inverse est vrai aussi ! Ce qui existe dans le virtuel peut dorénavant grâce au web exister dans le réel. Le web donne la possibilité de matérialiser des éléments qu’on ne voyait pas dans la réalité et donc qu’on ne pouvait pas tracer. Pour y réfléchir, je vous recommande l’article suivant : « on est passé du virtuel au matériel et pas du matériel au virtuel » qui décrit la pensée de Bruno Latour sur ce sujet.
C’est un comportement répandu car profondément humain, que de rechercher les enseignements tirés de l’expérience des autres pour obtenir rapidement des réponses concrètes aux problèmes que l’on rencontre. Ainsi, dans chaque entreprise, s’établit couramment des relations entre des personnes indépendamment de toute logique fonctionnelle ou hiérarchique. En les traçant et en les représentant, le web matérialise ces relations de coopération. Cela généralise pour tous la possibilité non seulement d’identifier des solutions aux problèmes qui se posent mais aussi d’enrichir sa représentation du monde avec des éléments de réalité, invisibles pour moi mais apportés par le regard des autres. Pour l’entreprise, cela évite de se focaliser sur des optimums locaux pour privilégier les critères globaux d’optimisation, sources de l’agilité indispensable au « business ». Merci le web !