Internet, c’est-à-dire les nouvelles technologies de l’information et des télécommunications en général, est qualifié par les économistes de « General Purpose Technology (GPT) » comme l’étaient en leur temps l’électricité, la machine à vapeur ou la puissance hydraulique. La caractéristique d’une GPT est de bouleverser l’environnement économique où elle apparait en entrainant l’obsolescence des modes d’organisation préexistants. Il s’ensuit une période transitoire de dégradation de ce que les économistes appellent la productivité globale des facteurs, c’est-à-dire la capacité des organisations humaines à tirer parti du progrès technique, y compris et surtout sur le plan organisationnel. Ce n’est qu’après cette phase d’apprentissage et de reconfiguration des organisations, qui a duré environ 20 ans pour l’électricité, que les effets bénéfiques de la GPT sur l’économie finissent par apparaître.
Robert Solow s’était distingué dans les années 80 en mettant en évidence le décalage dans le temps entre l’apparition d’une GPT, l’informatique classique en l’occurrence, et son impact économique en raison des temps de formation et des effets d’obsolescence. Sous le vocable « entreprise 2.0 », on distingue aujourd’hui les entreprises qui non seulement ont parfaitement assimilées les technologies informatiques classiques mais ont également profondément modifiées leurs organisations internes, leurs relations avec leurs partenaires pour profiter de la dimension collaborative offerte par l’internet 2.0. Combien sont-elles ?
Très peu d’entreprises ont réussies pour le moment à franchir ce cap. Nous nageons en plein « paradoxe de Solow » c’est-à-dire le moment où l’inertie organisationnelle, la résistance au changement, est au plus fort. Pour contribuer à sortir au plus vite de cette période de transition, inévitable mais nuisible, il est opportun de rappeler à quoi sert l’entreprise 2.0. Quelle est sa finalité ?
La finalité de l’entreprise 2.0, considéré comme une GPT, est de mobiliser l’intelligence collective de l’entreprise et de ses partenaires pour produire de meilleures marges à partir de la même quantité de capital, de travail et de matière. Cela consiste non seulement à améliorer collectivement le processus de fabrication des produits existants mais aussi à imaginer ensemble de nouveaux produits, de nouveaux services qui créent une valeur durable pour ceux qui les achètent.
Sur le plan macro-économique, l’augmentation des marges sans augmenter les prix permet de mieux rémunérer les salariés qui sont fortement impliqués par les modes de fonctionnement 2.0. Une croissance soutenue par un pouvoir d’achat en hausse, avec une inflation modérée, cela vaut le coup de se bouger, non ?