Temoignage n°1 (suite)

Bonjour Kitty, Bonjour Sammy,
Je me permets de vous envoyer un mail après la publication de vos articles. Je me suis beaucoup reconnue à travers vos témoignages, je suis moi même dans une phase "basse" et ai beaucoup de mal à refaire surface.
J'ai été touchée par ce que tu disais Kitty, à quel point ta souffrance était palpable, à quel point je pouvais te comprendre. J'espère de tout cœur que tu te remets tranquillement. Je sais combien les crises d'angoisse sont dures à vivre, ce moment où on perd pied, où on est littéralement paralysé, où la seule solution nous parait être celle d'en finir. Je sais aussi à quel point on s'en veut, on culpabilise, on est honteuse. Je sais à quel point on se sent seul. Je veux juste te dire que je comprends, je te comprends.
Pour moi, après mon burn out, j'ai entamé une thérapie. J'ai été arrêté 4 semaines, durant lesquelles je me suis reposée et ai pris beaucoup de recul. Ma psy m'a vraiment aidé : j'ai compris que mes angoisses étaient en partie liées à mon passé et que l'école faisait ressurgir des conflits non résolus. J'ai été titularisée fin mai (inspection le lendemain de ma reprise...). Les grandes vacances sont arrivées et je me suis sentie heureuse et bien dans ma peau (sensation perdue depuis 2 ans). Quel bonheur, je revivais !!
Il y a trois semaines, j'ai commencé à préparer ma rentrée, non sans peine, en m'en voulant de ne pas en faire assez. Le stress s'est doucement installé, insidieusement, je l'ai senti s'approprier tout mon corps pour arriver à son paroxysme mercredi.
J'ai fait ma rentrée, tout s'est bien passé. Des élèves durs, mais je le savais, et ça ne me dérangeais pas. J'ai réussi à mettre mon cadre et les enfants ont apprécié leur journée. Mercredi matin passe, pas trop mal. Mais en sortant de l'école, tout s'effondre. TOUT. Je pleure, je pleure à n'en plus pouvoir. L'angoisse s'empare littéralement de tout mon corps, les crises se succèdent. Mon mari arrive le soir, j'essaie de ne pas perdre la face, mais je m'effondre dans ces bras. Ma nuit sera ponctuée de crises de panique, de vomissements et de sanglots. J'ai envie d'avaler ma boite d’anxiolytiques pour éviter d'aller au travail. J'organise une manière de me planter dans le décors avec ma voiture pour ne pas avoir à faire face à ma classe.
Je ne vais donc pas au travail ce jeudi, je vais voir mon médecin, il me prescrit un arrêt d'au moins quinze jours, m'expliquant que celui ci pourra être renouvelé. Il me parle de phobie scolaire. Je veux bien le croire.
Aujourd'hui je suis chez moi et me repose. Comme toi j'ai honte, je m'en veux et me sens nulle. Seulement deux jours dans ma classe et je pète les plombs.
Sans aucune animosité, ni reproche, ni sarcasme envers toi, je ne pense pas (pour moi, seulement) que ce problème vienne de mes conditions de travail, mais de moi même et de ma personnalité.
A la différence de toi et Sammy, j'ai trouvé que l'EN avait été plutôt bienveillante à mon égard. Enfin, dans la limite de ses possibilités...Ma pemf m'a soutenu lors de mon burn out, ainsi que le responsable de formation de l'ESPE. Lors de mon inspection, l'IEN a été d'une bienveillance légendaire. J'ai été titularisée sans soucis, avec même pas mal de compliments sur ma pratique professionnelle.
On m'en a demandé beaucoup, mais en même temps c'est un travail qui demande d'être passionné et investi. Or, je ne suis ni l'un ni l'autre. Je n'en veux pas à l'EN : cette machine fonctionne comme elle peut.
Je me dis juste que ce n'est peut être pas moi. Que ce rythme est en total désaccord avec mon organisme et ma manière de fonctionner. Je sens que je ne suis pas à ma place. J'ai l'impression d'être un rond qu'on essaie tant bien que mal de faire rentrer dans un cadre carré (est ce' le cas pour vous aussi?). L'impression de jouer un jeu, une comédie fausse et venimeuse pour ma vie. Or, je ne peux pas. Et quand j'essaie, je craque, comme toi, je pète les plombs, je m'effondre physiquement et moralement, je n'y arrive plus. Et c'est violent, très violent. Au point d'avoir des idées noires, comme les tiennes, comme celles de Sammy. Au point de croire que la vie ne vaut plus le coup.
Donnes moi de vos nouvelles ! Kitty entre prof en arrêt après quelques heures de travail, on peut se comprendre et s'épauler ;) ! Bon courage à toutes les deux.


Je finis mon mail et je vois ton dernier article...Alors je me permets de rajouter cela : ton blog m'a fait un bien fou, te suivre m'a permis de réaliser que je n'étais pas seule. Entendre ta souffrance m'a fait comprendre que je n'étais pas folle. Publier sur ce blog m'a permis de me décharger et d'être entendue. Merci Kitty, merci.