Puis j'ai vu un texte de Sylvaine Pascual en lien avec les attentats et les drames vécus au travail. Ce qu'elle décrit s'appliquant à tous les milieux où un deuil ou un tragédie survient, directement ou non, je vous en partage ici les grandes lignes de son texte avec quelques unes de mes réflexions.
Sylvaine Pascual commence par dire que l'entreprise devra tenir compte d'un deuil ou d'un drame vécu par un employé, qu'ils surviennent sur les lieux de travail ou non, parce qu'ils ont un impact important sur le bien-être du salarié. Ces moments sont tellement forts que cet impact s'étend souvent au reste de l'équipe, impacts qui peuvent se faire sentir relativement longtemps.
Émotions difficiles et gestionnaires
Sylvaine Pascual questionne : l’émotion étant de façon générale encore très mal accueillie en entreprise, que faire du chagrin et du deuil ? Les gens savent très peu comment réagir devant la vulnérabilité d'un collègue. Une réaction courante est le silence, qui empire le plus souvent les émotions et réactions des personnes touchées, celles-ci devant se vivre de façon cachée ou entraînant une impression pénible d'être ignoré.
La réaction des gestionnaires est d'autant plus importante qu'elle donnera probablement le ton au reste de l'équipe.
L'écoute silencieuse
S'il n'est pas facile de savoir quoi dire, Sylvaine Pascual suggère simplement l’écoute silencieuse, c’est-à-dire le simple accueil de la détresse de l’autre, sans exprimer d’opinion ou de conseil, une écoute qui peut simplement, de temps à autre, reformuler ce que dit la personne qui souffre, pour lui montrer qu’elle est entendue.
En fait, le plus utile est surtout de se montrer disponible et ouvert en tant que collègue ou gestionnaire, ce qui permet à l'employé de parler un peu ou beaucoup s'il en a besoin.
Pour favoriser la résilience
"La parole, le contact physique, la présence, l’accueil des émotions, l’appartenance, le groupe favorise la résilience et la capacité à rebondir ou a minima à ne pas s’effondrer." écrit-elle. Ce n'est pas pour rien que de multiples cérémonies, rituels et conversations entourent les drames : les humains ont besoin de se regrouper, de se sentir écoutés ou accueillis durant les périodes où ils se sentent le plus vulnérables. Le milieu de travail ne fait pas exception.
Sachant chacun vit de façon différente ces épisodes extrêmes, si le collègue touché ne parle pas, montrer par quelques gestes ou regards discrets que l'on compatit aura d'autant plus d'impacts positifs.
Deuil prolongé
Soulagés lorsque la situation semble redevenir normale, la plupart vont oublier le drame et lorsqu'un employé revient sur la question plusieurs mois plus tard, on l'encourage à "passer à autre chose". Toutefois il peut y avoir des traces durables dont les effets surgissent de façon inattendue. Deux membres de ma famille ayant vécu la perte d'un proche ont vécu ceci : au début, on se sent un peu comme anesthésiés, dans le brouillard tellement la peine est trop intense. Environ six mois plus tard, la peine "dégèle" et le retour de la peine semble bien pire, alors que l'entourage est déjà passé à d'autre chose. Celui-ci est moins en mesure de soutenir ce deuil, qui leur rappelle de mauvais souvenirs mieux enterrés.
S'il ne revient pas à l'entreprise de prendre en charge l'employé aux prises avec ces difficultés, tout ce qu'elle peut faire raisonnablement pour faciliter et alléger les drames vécus par ses employés sera perçu positivement et aidera la plupart d'entre eux à revenir à la normale plus rapidement. Sachant également que les employés heureux sont nettement plus productifs, présents au travail et créatifs, le bien-être au travail c'est aussi de compatir et de se rassembler durant les périodes difficiles.
Références
Texte de Sylvaine Pascual : Quand la tragédie frappe à la porte de l'entreprise
Un salarié heureux est plus productif
Gestion du deuil
Retourner au travail en plein deuil