Le bore-out, maladie des temps modernes

Publié le 23 mars 2016 par Lemondeapres @LeMondeApres

Le bore-out, maladie des temps modernes

Si le burn-out est très médiatisé, il n’en va pas de même du bore-out, moins connu mais tout aussi terrible. Deux chercheurs suisses ont fait émerger ce phénomène typique du secteur tertiaire : le syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui.

Bore-out : le vide professionnel au service de l’ennui extrême

Lorsqu’on est surchargé de travail, on peut parfois se laisser aller à rêver de journées vides, sans rien à faire, qui apparaissent alors comme idéales, reposantes et synonymes de bien-être. Attention, la plupart du temps, il n’en est rien, et cela peut même être l’inverse. Une telle situation de vide professionnel peut mener à un sentiment d’ennui extrême, qui peut déboucher sur une dépression, un état de fatigue et de mal-être permanent : c’est le bore-out, mis en lumière par Peter Werder et Philippe Rothlin, par opposition au burn-out. Il n’y a en fait rien de pire que de s’ennuyer au travail : le manque de stimulation intellectuelle peut être très dévalorisant et le risque d’accidents cardiovasculaire deux à trois fois plus élevé.

Bore-out ou manque de simulation intellectuelle

Si, selon le chercheur Christian Bourion, une petite minorité de travailleurs (environ 10%) peut s’accommoder d’une telle situation de vide professionnel, ne considérant pas le travail comme un élément indispensable à la vie, l’immense majorité  se sentira incapable et inutile. De plus, il est socialement difficile d’avouer que l’on s’ennuie au travail, vu la situation tendue du marché du travail actuel. Les travailleurs atteints de bore-out se retrouvent donc isolés dans leur affection. Et l’anormalité devient normale : grignotage, longues pauses cigarette à répétition, consommation excessive d’alcool… Tout est bon pour « tuer le temps ». Certains mettent même en place des stratégies pour paraître occupé et éviter d’être licencié ou, paradoxalement, éviter que leur supérieur ne leur donne du travail, ce qui les libérerait pourtant certainement de cette affection !

L’ennui au travail toucherait 32% des Européens, tandis que 24% des managers français seraient « proches du burn-out ». Difficile de ne pas penser qu’une organisation du travail différente réglerait bien des choses !