Équilibre vie privée vie professionnelle : Diviser son salaire par deux pour une meilleure vie

Publié le 17 mai 2016 par Lemondeapres @LeMondeApres

Équilibre vie privée vie professionnelle : Diviser son salaire par deux pour une meilleure vie

Caroline occupait un poste à responsabilités dans la finance jusqu’au jour où elle a décidé de changer de vie pour retrouver un équilibre vie privée vie professionnelle. Elle est alors devenue commerciale et a divisé son salaire par deux mais a multiplié son confort de vie par 10. Interview.

Équilibre vie privée vie professionnelle, comment la retrouver

Qu’est ce qui vous a amené à diviser votre salaire par deux ?

J’adorais mon travail mais je passais beaucoup trop d’heures au bureau. Je n’avais plus d’équilibre vie privée vie professionnelle. Le déclic a été l’arrivée de mon premier enfant que je ne voyais jamais la semaine ou très peu. Je me suis donc dit qu’il fallait que je me ré-oriente vers un métier moins prenant, plus compatible avec une vraie vie de famille.

Il était temps de dire « au revoir » au travail le soir, le week-end, pendant les vacances…

Je suis partie du constat que dans la grande distribution par exemple, quand on veut gravir les échelons, on doit à un moment faire un passage en magasin. Au lieu de voir ce changement de poste comme un renoncement, je l’ai alors vu comme  l’opportunité d’exercer un métier plus opérationnel, qui serait sûrement une étape importante dans ma carrière.

Rien ne vous y obligeait contrairement à d’autres groupes…

Non, bien entendu ! Mais c’était un moyen pour moi d’accepter de quitter un métier que j’aimais beaucoup. Car quand vous faites le choix d’arrêter un travail trop prenant pour mieux rééquilibrer votre vie, vous risquez de tomber dans le déséquilibre inverse : tout pour la famille, rien pour le bureau. Ce n’est pas ce que je voulais ! Je cherchais un réel équilibre vie privée vie professionnelle. L’idée n’était pas de prendre un travail alimentaire ! En faisant ce cheminement intérieur, j’ai pris la décision de changer de métier, pour être plus épanouie dans ma vie de famille  mais aussi pour démarrer une nouvelle étape dans ma carrière, qui pouvait se montrer elle-aussi passionnante.

Ce changement de cap induisait forcément une baisse de salaire, vous y avez pensé tout de suite ?

Oui bien entendu ! Je savais qu’un jour je me poserai la question de quitter ces fonctions. J’avais donc demandé aux RH de me donner le niveau de rémunération des postes que je pouvais convoiter. J’ai donc pris la décision en toute connaissance de cause. C’était mûrement réfléchi.

Comment l’avez-vous vécu ?

Pour moi, ce n’était pas gênant ! Ça peut paraître curieux dit comme cela mais quand vous regardez le salaire horaire, c’est presque équivalent. A Paris, je travaillais tout le temps : le soir, le week-end, j’entrais en réunion à 19H30, je pouvais terminer parfois à 3h du matin, si je quittais le travail à 21H30, je partais « tôt »… En contrepartie, j’avais donc un salaire intéressant avec les primes associées.

Aujourd’hui, je fais un métier avec des horaires plus classiques et je pense qu’en termes de coût horaire, c’est la même chose ! En revanche, en termes de qualité de vie, ça n’a rien à voir !

Vous aviez des primes très importantes. Comment vivez-vous le fait de ne plus avoir les mêmes ?

Très bien ! Je vais même vous dire que je suis plus heureuse de recevoir ma « petite » prime aujourd’hui que celle plus importante auparavant. Car celle de mon ancienne vie, je la vivais comme un dû. Après tous les sacrifices que je faisais, c’était « la moindre des choses » d’avoir cette compensation financière. C’était donc « normal ». Aujourd’hui, je le vis comme la reconnaissance d’un travail bien fait plutôt qu’une compensation ! C’est beaucoup plus sain.

Qu’avez-vous gagné ?

J’ai divisé mon salaire par deux mais j’ai gagné en équilibre de vie. Je suis beaucoup plus à l’aise maintenant au bureau et la maison. Auparavant, quand j’étais au travail, je culpabilisais de ne pas être avec mon mari, mon enfant, de rater des diners entre amis… Quand je faisais l’effort de partir plus tôt du bureau pour passer plus de temps en famille, je culpabilisais de laisser mon équipe « seule » et pour mon mari 21h ou 22h, ce n’était déjà pas acceptable. Je n’étais donc jamais bien.

Maintenant, tout est plus cadré et donc plus équilibré.

Est-ce que votre niveau de vie a changé ?

En plus de changer de job, j’ai changé de région. J’ai quitté Paris pour Lille. Le pouvoir d’achat est différent ici. A Paris, chaque week-end on voyageait ! Il y avait une urgence à partir. Les semaines étaient tellement intenses que j’avais un grand besoin de m’éloigner de cette ville qui me stressait trop au quotidien. On dépensait alors une fortune en partant tous les week-end quelque part. A Lille, on se balade beaucoup aussi mais on a déjà plus de nature, plus d’espace donc je ressens moins le besoin de partir.

J’épargnais beaucoup aussi à Paris pour acheter un logement, alors qu’ici, je n’ai pas besoin de mettre autant d’argent de côté car les logements sont deux fois moins chers.

J’ai aussi eu un deuxième enfant, j’ai moins de temps pour courir les boutiques, et j’ai tout simplement d’autres besoins, d’autres envies. Je ne ressens donc pas réellement que mon niveau de vie a baissé.

Tout le monde a compris ce choix de vie ?

Non ! Cela n’a pas été facile d’ailleurs. Il y a une énorme pression sociale à laquelle il faut savoir résister. Les parents, les collègues… personne ne comprenait mon choix. Beaucoup ont tenté de me démotiver… sauf mon mari ! Il a énormément insisté pour que je change de vie et m’a beaucoup soutenue.

Si c’était à refaire ?

Je le refais, à 200% !

Des conseils à donner à ceux qui hésitent à franchir le pas ?

  • Ecoutez-vous ! Devenez vous-même et non ce que projette votre entourage sur vous !
  • Posez bien les « pour » et les « contre ». Il faudra assumer la décision.
  • Déterminez où est réellement votre bonheur. Certaines contingences matérielles ne sont peut-être pas aussi essentielles qu’on le pense.
  • Réalisez réellement combien vous allez toucher, sans envier plus tard les primes de vos collègues.
  • Faites-vous épauler car ce n’est pas facile de le faire seul. On s’habitue vite à son petit confort de vie et sa routine, même si on sent bien au jour le jour qu’on n’y est pas si à l’aise que ça.