L’auto-management : l’exemple de Morning Star Company
Pour les tenants de l’autonomie au travail, laisser les employés choisir leur lieu de travail, leurs horaires ou encore leurs congés ne serait pas suffisant. Dans une tribune du Harvard Business Revue, Gary Hamel, célèbre expert en management (« the world’s leading expert on business strategy » selon le magazine Forbes), explique qu’il faut aller plus loin : pour plus d’efficacité et de créativité, tant au niveau individuel que collectif, il faudrait aussi se libérer des managers !
Les managers sont pourtant loin d’être inutiles ! Au contraire, dans la plupart des entreprises, leur rôle est crucial pour permettre à l’activité de tourner : ce sont eux qui coordonnent l’ensemble des actions individuelles et les orientent.
Alors, pourquoi voudrait-on donc se débarrasser du management ?
Le coût du management : plus une entreprise grandit, plus des couches de managers et de managers de managers viennent s’ajouter. Sachant que les managers sont souvent mieux payés que leurs équipes, le coût du management devient vite important !
Le risque de mauvaises décisions : plus la hiérarchie du management se complexifie, plus la prise de décisions est déconnectée du terrain et difficilement contestable.
L’immobilisme : avoir une structure de management lourde et stratifiée augmente aussi le temps et la complexité de la prise de décisions, rendant ainsi souvent difficile la progression et l’innovation.
Il faut donc se poser la question : les managers sont-ils essentiels pour gérer une entreprise, ou peut-on efficacement coordonner l’activité d’employés sans structure de supervision ?
Si plusieurs start-ups ou projets open-source ont déjà suivi cette voie, une des expériences d’autonomie salariale les plus impressionnantes reste celle de Morning Star, une entreprise étudiée par Gary Hamel.
En effet, Morning Star est une entreprise particulièrement étonnante, dont le modèle de management, en particulier pour une compagnie de cette taille (c’est l’entreprise de transformation de tomates la plus importante au monde), défie les conventions.
Le modèle de management de Morning Star : pas de donneurs d’ordres, que des collègues
Ce modèle de management est basé sur la vision suivante : que les employés se managent eux-mêmes, en coordination avec leurs collègues, fournisseurs et clients, sans recevoir d’ordres.
Pour le fondateur de cette entreprise originale, Chris Rufer, l’autonomie permet aux employés d’être plus enthousiastes et d’apporter plus que lorsqu’ils répondent simplement aux ordres. Selon lui, nul besoin d’un management sévère pour faire marcher une si grande entreprise : les responsabilités qui viennent avec la liberté sont suffisantes pour que l’entreprise tourne parfaitement.
Selon Hamel, la recette est la suivante :
Remplacer le manager par la mission
Laisser les employés déterminer leurs propres structures de collaboration (via l’élaboration et la négociation par chaque employé de plan de travail avec ses collègues).
Rendre les employés libres, mais aussi responsables de faire ce qui doit être fait pour réussir leur mission (chaque employé gère sans supervision ses procédures d’achats et initie des recrutements s’il en ressent le besoin).
Donner aux employés des rôles souples pour leur permettre de faire profiter de leurs compétences et idées tous les départements de l’entreprise.