Protéger sa vie personnelle en étant freelance

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Protéger sa vie personnelle en étant freelance

Ce n’est plus un secret : l’économie collaborative et l’économie de la demande brouillent les façons de travailler et les catégories juridiques du travail salarié et du travail indépendant. À l’heure où le Code du travail est remis en question à l’échelle nationale et à l’échelle européenne, il est une frontière qu’il est légitime de protéger : celle entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle. Parmi toutes les catégories des travailleurs, le travailleur indépendant, également connu sous l’appellation de freelance, est d’autant plus concerné par cette potentielle porosité telle que l’exposent Bessière Céline et Gollac Sibylle dans la section “Travailleurs indépendants” du Dictionnaire sociologique de l’entrepreneuriat (Paris, Presses de Sciences Po, “Références”, 2014). En effet, le principe juridique du travail indépendant est d’échapper au cadre salarial et donc à une relation de subordination entre employeur et employé. Il en résulte donc une liberté chez l’individu de moduler les composantes classiques de son travail : types de missions, lieu… et surtout, horaires. Une voie presque totalisante peut alors se présenter au freelance : ne plus s’imposer aucune limite temporelle dans son travail pour atteindre ses objectifs. Pourquoi s’arrêter de travailler quand on sait que chaque minute dépensée à travailler est investie pour son propre compte ? Le danger d’un tel raisonnement se traduirait inévitablement au niveau de son efficacité et de sa santé. En travaillant sans cesse, le freelance en arriverait au résultat inverse de celui escompté au départ : se sentir beaucoup moins libre qu’en temps que salarié.

Il s’agit dès lors de trouver un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle, et non pas l’Équilibre absolu, car chacun est différent et a sa propre manière d’aborder le quotidien et le travail.

Si l’on travaille depuis chez soi, il est ainsi très utile de définir son propre cadre temporel pour ne pas se laisser envahir par ses tâches. Par exemple, on peut choisir de démarrer ses missions très tôt dans la matinée ou d’avancer très tard le soir ; de caler ses rendez-vous exclusivement en fin de matinée ou en début d’après-midi ; de consacrer sa fin d’après-midi aux enfants ou aux sorties ; de récapituler ses tâches de la semaine ou de répondre à ses mails dans la soirée…

Quant à l’espace de coworking – en pleine éclosion dans plus en plus de quartiers de Paris, – il peut être une solution « à temps plein » comme pour une partie de la journée seulement et permet de diversifier ses lieux de travail, de renouveler sa concentration, et surtout de ne pas laisser distraire par les tâches domestiques ou administratives privées. Sa neutralité permet ainsi d’optimiser son temps de travail professionnel pour ensuite mieux profiter de son temps personnel.

Par ailleurs, la concentration sur la résolution d’une seule tâche à la fois est une des clés de l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. En effet, la tendance à la dispersion et au multitasking augmente le risque de commettre des erreurs et plus généralement de produire un travail de moindre qualité. D’où l’importance de concevoir des to-do lists réalistes ! Il est inutile voire contre-productif de lister ses tâches sur un temps réduit dans l’espoir de booster sa propre motivation. Le plus efficace est l’honnêteté envers soi-même et une dose de réalisme : on en ressort avec une plus grande satisfaction. Autre bonne habitude à prendre : couper son téléphone sur certaines plages horaires. À l’heure de la tyrannie de l’instantanéité, il est urgent de ne pas être disponible en permanence. Une telle philosophie permet de développer un sentiment de contrôle, de positivité et d’apaisement, et ainsi de pérenniser un équilibre sain et viable entre vie professionnelle et vie privée.