Les femmes dans l’entreprise du futur
Le 29 novembre 2016 se tenait à Paris la 24e édition des Femmes en Or, journée de conférences et d’ateliers donnés par des femmes leaders dans leur domaine pour les femmes. Même si les hommes sont les bienvenus – et montent également sur scène – la mission des Femmes en Or est avant tout d’inspirer les femmes à entreprendre, en leur donnant des clés pour se sentir légitimes, et en déconstruisant les peurs qui se cachent derrière les obstacles.
L’avenir de l’entreprise passe par les femmes
Selon le conférencier Joël de Rosnay, sans parité dans toutes les strates professionnelles, point de salut pour l’entreprise ! « Toute entreprise qui n’aura pas au moins 50% de femmes à des postes exécutifs est vouée à disparaître. » déclare-t-il très sérieusement. « Les femmes ont une capacité créatrice, une vision systémique et contextuelle des interdépendances. (…) La manageuse de 2030 va être essentielle dans son type de management, dans sa relation avec le personnel de l’entreprise. » Quant à Antoine de Gabrielli, président des Happy Men, mouvement qui soutient et lutte pour l’intégration de plus de femmes dans l’entreprise, la sur-représentation des hommes est en réalité « un système perdant-perdant, pour les femmes comme pour les hommes, pour les entreprises comme pour la société ». En effet, il avance que près de 70% des hommes conçoivent le succès de la carrière professionnelle comme nécessitant le sacrifice de la vie familiale. Par conséquent, Antoine Gabrielli insiste sur le fait que « faire traverser le plafond de verre aux femmes, [c’est] aussi briser le plancher qui isole les hommes de leur vie privée ».
Encore trop peu de femmes aux postes clés
Les hommes sont à l’heure actuelle trois fois plus nombreux à être cadres de direction. et de manière générale, ont moins de problèmes que les femmes à se considérer légitimes pour briguer promotions et postes à plus grandes responsabilités.
Cependant, grâce à la nouvelle loi pour l’égalité réelle entre les hommes et les femmes votée en 2014, la France fait partie des pays dont les conseils d’administrations sont, dans une certaine mesure, les plus féminisés, avec 30,3% des entreprises du CAC 40 et 28,8 % des entreprises du SBF 120, selon Usine Nouvelle. Cependant, l’on remarque que cette proportion tombe dramatiquement à 10,4 % dès qu’il s’agit des comités de direction, pour ce qui concerne les 45 plus grandes entreprises françaises (étude de Michel Ferray de 2014). De même, selon l’économiste Rachel Silvera, la proportion de femmes s’amoindrit lorsque l’on s’intéresse aux entreprises cotées et non cotées (celles ayant au moins 500 salariés et un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros) où elles ne sont plus présentes qu’à respectivement 28 % et 14 %.
Intervention de l’Union européenne
Selon les institutions européennes, les membres des conseils d’administration en 2012 étaient des femmes à hauteur de seulement 15% (infographie). Dans une perspective de lutte contre les plafonds de verre, le Parlement européen a voté en 2013 un règlement destiné à augmenter la présence des femmes aux postes à responsabilité dans l’entreprise. L’objectif est d’atteindre les 40% de femmes aux postes non-exécutifs des conseils d’administration d’ici 2020. Voilà déjà un premier
pas pour lancer le mouvement… Pour les entreprises publiques, cet objectif devra être atteint d’ici 2018. Les sanctions pour les entreprises ne respectant pas ces dispositions peuvent être pénalisantes : obligation de rendre des comptes au niveau national, exclusion des appels d’offre… Un bémol cependant : ces règles ne sont pas rendues obligatoires pour les petites et moyennes entreprises (PME).
L’entreprise du futur sera plus féminisée… et plus performante
Les femmes sont pleines de ressources, tout comme les entreprises. Les réseaux féminins se développent, comme en témoignent Les Femmes de l’Economie, Les Femmes Chefs d’Entreprise, mais aussi Happy Men précédemment cité, ou encore le récent Jamais Sans Elles, et bien d’autres. Ces réseaux se renforcent et créent de nouvelles dynamiques mentales qui ont des répercussions positives sur les créations d’entreprise et la transition de directions fortement masculines vers une composante de plus en plus féminine. Par exemple, le comité de direction du groupe Sodexo compte aujourd’hui 43 % de femmes ; c’est le groupe français le plus féminisé. Lydie Breton, Directrice de l’Innovation Social et des Projets Ressources Humaines chez Sodexo, intervenait d’ailleurs au cours de la journée des Femmes en Or de 2016.
La mixité de genre est facteur de performance au sein de l’entreprise. Selon l’enquête « Elles bougent – Un regard féminin sur l’industrie », relayée par le Ministère de l’Économie et des Finances sur son site, 97% des femmes techniciennes ou ingénieures estiment que la mixité dans les métiers de l’industrie est essentielle, non seulement pour une dynamisation de l’innovation et de la créativité (47%), mais également pour l’ambiance de travail et le climat social (50%), ces composantes étant déterminantes pour la performance et la croissance d’une entreprise. Une note d’optimisme en sus : 76% des femmes interrogées dans cette même étude sont confiantes dans l’évolution de leur carrière professionnelle.