Gamefication : quand le jeu et le travail ne font qu’un

Gamefication : quand le jeu et le travail ne font qu’un

Gamefication : quand le jeu et le travail ne font qu’un

Savez-vous ce qui se cache réellement dans le mot « travail » ? Son étymologie est éclairante : « travail » vient du latin « trepalium » qui signifie… souffrance. Pas étonnant que l’imaginaire collectif associe le travail à une tâche pénible que l’on n’a pas envie d’effectuer ! Or quelle est l’activité qui, opposée à cette idée classique que l’on a du travail, est immédiatement associée à l’amusement et au plaisir ? C’est bel et bien le jeu, sous toutes ses formes. Indivis inscrits dans un environnement collectif, nous avons été élevés dans la dichotomie et l’antinomie du jeu et du travail. La structure de notre société ainsi que notre éducation nous amène en effet à concevoir la valeur d’un travail en fonction de sa pénibilité, et le jeu comme une récompense légère voire frivole qui ne revêt aucune valeur si ce n’est de nous détendre. Pourtant, dès les années 1970, certains auteurs comme Freinet remettent en cause les barrières conceptuelles entre jeu et travail, en dessinant une analogie entre l’enfant qui barbote dans l’eau et sa maman en train de laver le linge.

Merci Google

Google est une entreprise pionnière dans la gamefication ou ludification du travail. Rendre agréable le quotidien au bureau est un moyen très pertinent pour attirer et surtout retenir les talents, et Google, Facebook et autres entreprises de la Silicon Valley l’ont bien compris. Qui n’a jamais entendu parler des toboggans ou de la piscine à balles de Google ? Le recrutement et la conservation des compétences dans une organisation devient non seulement une affaire de séduction, mais aussi une résurgence des émotions enfantines.

Une playstation au bureau

La tendance qui s’observe dans la sphère professionnelle d’aujourd’hui, au-delà des frontières de la Silicon Valley, est une convergence grandissante entre les mondes, autrefois séparés, du jeu et du travail. Le récent reportage d’Envoyé Spécial sur le bonheur au travail mettait par exemple en lumière les nouvelles fonctions de Directeur du Bonheur ou Chief Happiness Officer, qui bouscule ainsi la relation entre travail et « souffrance ». Pour Nathalie Forestier, qui occupe cette fonction chez Allo Resto, sa mission première consiste à ce que « les salariés aient le sourire le matin en arrivant au bureau ». Tous les moyens sont bons : locaux paradisiaques, décoration faite maison, cours de sport sur place… mais surtout, l’accès aux jeux-vidéo sur Playstation et à une table de ping-pong. Y a-t-il un meilleur pour motiver ses troupes que de proposer une partie de ping-pong à la fin d’une réunion ? Oui : que la réunion se déroule tout en jouant au ping-pong…

Escape game & team building

La gamefication est un vecteur de cohésion sociale, selon Gérard Londarr. « S’il existe un lien entre le monde du travail et les jeux vidéos, précise-t-il, on le trouve (…) grâce à 3 indicateurs : l’alignement des valeurs, le sentiment d’appartenance, le partage des gains. » À l’heure où l’on parle avec désinvolture – voire lassitude ? – du team-building comme un process routinier de l’entreprise, il est une start-up sociale qui veut réinjecter du jeu et du fun dans nos équipes : Arcane. Cette agence de communication et de gamefication offre un panel de services, dont des sessions de team-building axées sur le jeu. Outre les escape games qui connaissent un succès fulgurant auprès des entreprises (où l’on doit résoudre une énigme en équipe pour pouvoir s’échapper d’un espace fermé), Arcane propose des jeux de piste grandeur nature, dans le Musée d’Orsay ou bien en pleine nature.

Si l’on en croit l’ancien PDG de Google Eric Schmidt, « tout dans le futur va se mettre à ressembler à un jeu multi-joueurs ». Les chercheurs en sciences du management n’ont pas fini de se pencher sur les bienfaits du jeu dans le mode de vie des travailleurs.