Comment travaille-t-on au Canada ?
Au-delà des divergences culturelles qui différencient les sociétés bordant l’Atlantique, l’approche au travail des Canadiens n’est pas la même que celle des Français. Le colosse de l’Amérique du Nord n’a pas les mêmes règlementations sur le travail ou la sécurité, et les attentes de la part des employés peuvent, pour certaines, nous surprendre !
Une règlementation du travail différente
En France, le Code du Travail est extrêmement détaillé, et il est conçu par le gouvernement français et s’applique dans toutes les régions du pays. A l’inverse, la réglementation canadienne est un peu moins dense et détaillée, et elle est sous la responsabilité des gouvernements provinciaux du pays (à l’exception des secteurs de la banque et de la communication par exemple). Ainsi, la législation diffère selon l’endroit où vous êtes au Canada !
Un syndicalisme différent
De par leur proximité géographique, de leurs forts liens économiques et de l’étroite similarité dans la législation des syndicats autour d’une même référence (The Wagner Act), les syndicats du Canada anglophone ont plus de points communs avec ceux des Etats-Unis que les français. On parle de « syndicalisme d’affaires » en Amérique du Nord, qui est qualifié de pragmatique, s’intéresse plus à la gestion de l’entreprise qu’aux questions politiques ou sociales. Selon Poole (1986), ces divergences seraient dues aux approches différentes dans la fondation des syndicats. Dans les pays anglo-saxons, l’approche aurait été celle d’une logique instrumentaliste, alors qu’en France et dans d’autres pays latins on y aurait davantage imbriqué des valeurs politiques.
Cette vision a toutefois été nuancée par les chercheurs Kumar (1993), Tremblay et Rolland (1998), qui soulignent que les syndicats canadiens s’impliquent de plus en plus dans les questions sociales. Par ailleurs, au Québec, la nature du syndicalisme se rapproche davantage de la conception française. Leurs préoccupations touchent à la réduction du temps de travail et à la conciliation entre la famille et le travail.
Par ailleurs, le syndicalisme canadien est très fortement rattaché à un parti politique, le Nouveau Parti Démocrate. Bien qu’il n’ait jamais gouverné à l’échelle fédérale, ce pays a déjà été à la tête de quatre provinces canadiennes sur dix, qui aujourd’hui connaissent une législation prosyndicale (Casio, Thacker et Blais 1999). En France, selon Jean-Pierre Le Goff, sociologue de renom, la spécificité du syndicalisme se retrouve dans la différenciation et l’émiettement.
« L’expérience de travail canadienne »
Au Canada, les employeurs accordent moins d’importance aux diplômes et aux études poursuivies qu’en France ou qu’aux Etats-Unis. Le savoir-faire prime, et c’est surtout le fait d’avoir eu une expérience de travail canadienne qui plait. En effet, les employeurs cherchent surtout des individus qui connaissent la culture de l’entreprise canadienne.
Pour cela, de nombreux immigrés à la recherche d’emplois sont prêt à accepter un poste à échelon moins élevé pour avoir une première approche de l’entreprise. Beaucoup d’autres s’inscrivent dans des groupes de mentorats professionnels pour rencontrer leurs homologues déjà employés, ou alors rejoignent des « entreprise d’entraînement ». Surtout basées au Québec, ces entreprises font partie du Réseau canadien des entreprises d’entraînement (RCEE). Il s’agit d’entreprises spécialement crées pour cette vocation, ce qui implique qu’aucun salaire n’est versé. Elles endossent le rôle de centre de formation à des emplois précis.
Un degré similaire d’intervention de l’Etat dans les relations de travail
Au Canada, Chaykowski et Verma (1992) mettent en avant la tradition ancrée d’un fort interventionnisme dans les relations de travail, ce qui conduit à une fréquente élevée des modifications des lois du travail, et ce souvent en amont des manifestations ou grèves (Schuer et Huber 1993). En France, l’Etat est également de nature interventionniste, même si l’Allemagne l’est davantage.