Le chômage technologique : Oxford vs OCDE
Le progrès technologique n’est pas sans conséquences pour l’emploi. Le chômage technologique est une expression introduite par John Maynard Keynes en 1931. Aujourd’hui, il désigne une situation de chômage issue du développement rapide du progrès technique, technologique et digital.
Contrairement au chômage classique, le chômage technologique ne peut pas être réduit par le biais d’une révision des salaires à la baisse. A l’heure où le taux de chômage de l’UE est de 8,1% et où les innovations technologiques sont une réalité quotidienne, il semble intéressant de s’interroger sur la corrélation de ces deux phénomènes.
La crainte de l’innovation…
Une méfiance généralisée et grandissante est accordée aux innovations, en raison de leurs répercussions sur l’emploi. Depuis quelques années, les études sur l’automatisation du travail ne cessent de se démultiplier, et ont souvent un ton apocalyptique. La plus connue est celle de deux chercheurs d’Oxford, Carl Benedikt et Michael A. Osborne, qui préconisent en 2013 que 47% des emplois américains sont susceptibles d’être automatisés dans la décennie à suivre.
… Est-elle justifiée ?
Une étude de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques relativise les résultats obtenus par les chercheurs d’Oxford. Selon les économistes de l’OCDE, « le risque d’un chômage technologique de masse peut être écarté », car ils estiment que moins de 10% des emplois sont automatisables.
Pourquoi un tel écart dans les chiffres ?
Stefano Scarpetta, directeur de l’emploi de l’OCDE, met en avant le fait que l’étude d’Oxford de 2013 supposait que « tous les emplois (étaient) identiques au sein d’une profession et dans tous les pays », offrant alors une approche trop générale aux emplois automatisables.
L’étude de son organisation s’est concentrée sur le contenu des tâches pour chaque emploi, au lieu d’une approche plus distante d’après une moyenne pour chaque profession. L’OCDE s’est ainsi appuyée sur l’enquête internationale détaillée sur les compétences des adultes pour conclure que seulement 9% des emplois seraient automatisables aux Etats-Unis, alors que plus de 70% des tâches seraient substituables par des machines.