Si 80 % des cadres rêvent de quitter Paris pour une meilleure vie*, certaines entreprises réalisent ce rêve en délocalisant. Toutefois, pour être une réussite, ce changement implique une prise en compte de plusieurs paramètres.
On estime à 200 000, le nombre de personnes qui quittent Paris chaque année, même si les salaires y sont 14 % plus élevés pour les ouvriers et 30 % pour les cadres. Mais il n'y a pas que la mobilité des actifs, les entreprises aussi bougent ! C'est même une réelle tendance de fond qui s'est accentuée après la crise puisque sur les 790 000 entreprises installées en région Île-de-France, 3 000 quittent la région chaque année, dont 60 % des TPE, selon l'Insee.
Depuis la crise, nombreuses sont les grandes entreprises à avoir migré leur siège de l'autre côté du périphérique. En effet, en région francilienne, le coût de la vie est 8,8 % plus élevé qu'en province (Insee). De plus, le turn-over y est plus important, et les profils à haute valeur ajoutée y sont plus que sollicités.
D'autres projets ont été menés dans les pays d'Europe de l'Est, dont les salaires sont de plus en plus élevés et les délocalisations moins opérationnelles. Le " Province shoring " reste donc un excellent filon. Selon des experts du cabinet Kurt Salmon, on peut aller jusqu'à 20 % d'économie !
Dès 2013, Parcours France, agence spécialisée dans l'analyse et la communication des territoires, a su anticiper ce besoin de mobilité en lançant le salon Prov'Emploi pour les sociétés souhaitant se délocaliser. Ce salon met en relation collectivités, institutions, territoires et patrons d'entreprises pour les aider à sauter le pas.
Selon les fondateurs du salon, l'Ile-de-France est la région la plus chère d'Europe pour son immobilier et ses salaires. De surcroît, elle manque de compétitivité par rapport à sa qualité de vie et ses loisirs, arguments phares que savent mettre sur la table les collectivités locales, autour de réunions d'information, organisations de weekends découverte, et de stratégies de marketing territoriales aiguisées.
La baisse de loyer peut être une bonne raison de délocaliser, mais la différence des salaires en région en est une autre. Précisons-le, lors de la délocalisation, les salariés qui acceptent de suivre l'entreprise, conservent leur salaire. Ceux qui sont embauchés en province, peuvent alors démarrer avec un revenu aligné sur ceux de la région.
Le rapprochement d'un axe de transports, ou suivre des clients sont d'autres raisons de délocaliser. Dans le domaine des services par exemple, l'exode des papy boomers à la retraite vers des régions moins peuplées, permet de dynamiser les commerces et soutenir l'emploi local. Enfin, quitter la région francilienne permet aussi à certaines entreprises sur des branches très concurrentielles de sortir du lot, pour gagner en renommée.
La délocalisation pour les sociétés à haute valeur ajoutée plus difficileMême si le top 5 des villes où il fait bon travailler du Figaro, sont des villes de province, (voir notre article sur la carte interactive du top 60 des villes françaises où il fait bon travailler) retrouver les mêmes compétences s'avère plus difficile qu'à Paris.
La plupart des témoignages de délocalisation explique que la moitié des salariés souvent ne suit pas. Ils se heurtent au choix difficile de déménager avec leur famille pour recommencer une nouvelle vie. Des sociétés de déménagement l'ont d'ailleurs compris puisqu'elles proposent des solutions de déménagement clé en main avec réinstallation de matériel de l'entreprise, relogement des salariés et placement de leurs conjoints.
Dans les premiers temps, les entreprises qui délocalisent ont la possibilité de faire appel à de la sous-traitance. Avec le temps, la plupart finit par embaucher et grandir. Il est à souligner qu'il est difficile d'attirer certains hauts profils dans des régions reculées pour des salaires moins élevés. Il va donc falloir penser à négocier ou créer des packages attractifs (expliquer que les loyers sont moins chers, mettre en avant la qualité de vie, raccourcissement des temps de trajets, etc.).
L'exemple des TPEPour les TPE, plus facilement délocalisables, de nombreux territoires ont monté des projets pour dynamiser leur tissu économique comme le Conseil général du Gers avec le projet Soho Solo qui vise à attirer les cadres à la campagne grâce des espaces de co-working, des bourses d'installation ou le prêt de locaux et des infrastructures internet dignes de métropoles. Ce projet qui a maintenant 8 ans a permis d'attirer plus de 300 TPE pour vivre et travailler dans un cadre idéal à la campagne.
Découvrez le témoignage d'un Solo qui évolue dans l'Innoparc à Auch:
* Enquête "Les villes préférées des cadres parisiens", (Cadremploi ; 2016)