L’économie dans le cinéma de Constantin Costa-Gavras
Il est de ces artistes que l’on ne présente plus, Constantin Costa-Gavras est un réalisateur Français dont la jeunesse nous éclaire peut-être un peu plus sur la tonalité de ses films. Né à Athènes au début des années 1930 dans une famille d’origine russe, son père est à l’époque soupçonné d’avoir des idées communistes, ce qui le pousse à s’installer en France. Son diplôme de littérature en poche, il s’inscrit à l’Institut des Hautes Etudes Cinémathographiques en littérature où il côtoie les plus grands réalisateurs et acteurs de l’époque (René Clément, Henri Verneuil, Yves Montand…). La postérité retiendra surement ces scénarios très engagés politiquement. C’est d’ailleurs de ceux-là, Z, un réquisitoire contre la dictature militaire de son pays natal, qui lancera sa carrière (Prix du Jury à Cannes, Oscar du Meilleur film étranger et celui du Meilleur montage). Dans cette lignée, se succèdent de nombreuses projections dénonçant les totalitarismes et les impérialismes : L’Aveu, Etat de Siège, Porté Disparu, Hanna K, et j’en passe.
Pourtant, plus récemment, ce cinéaste engagé a également traité de questions économiques dans son œuvre. Et cela ne vous surprendra pas, le prisme adopté n’est pas vraiment celui d’un admirateur du capitalisme. Analyse.
1 – Le Couperet (2005), avec José Garcia et Karin Viard (voir la BA)
Résolument noir, Le Couperet se veut une parabole des effets néfastes du capitalisme, en montrant la dégringolade d’un ingénieur au chômeur, incarné par José Garcia, qui semble pourtant tout avoir du bon père de famille. Poussé à bout, ce dernier va laisser les passions humaines l’emporter et se met en tête d’éliminer physiquement tous ces concurrents. La volonté du réalisateur de dénoncer les dérives du capitalisme est manifeste, et c’est la mondialisation qui semble particulièrement ciblée. Avec Le Couperet, il choisit la voie d’une caricature qui laisse certains critiques amers mais qui rappelle la brutalité de la société vis-à-vis de ces individus qui se sentent déclassés et qui feraient tout pour reconquérir leur place…
2 – Le Capital (2012), avec Gad Elmaleh (voir la BA)
Après José Garcia, c’est un deuxième humoriste que l’on retrouve pour un film pourtant assez grave sur les dérives du système financier. Le film, pas le plus abouti sur le plan de l’explication économique, emprunte plus que le titre à la pensée de Marx. Le personnage incarné par Gad Elmaleh, un banquier véreux et cupide, symbolise ce qu’est selon Gavras le monde capitaliste : une jungle peuplée par l’égoïsme, gouvernée par l’intérêt et dont rien ne semble pouvoir arrêter l’extension. On y retrouve également la dénonciation des méfaits de la dérégulation et la critique sous-jacente de la mondialisation (mis en scène par les très nombreux voyages du banquier).
Vous l’aurez donc compris, l’économie et le monde de l’entreprise ne sont pas regardés avec bienveillance par le réalisateur français, qui met une fois encore son talent cinématographique au service de ses combats idéologiques. Avec beaucoup de réussite il faut bien le reconnaître !