Le monde du travail a dû s’adapter à un contexte de pandémie pour mieux répondre aux impératifs du télétravail. Les employeurs ont alors mis en place des outils technologiques, comme des logiciels de surveillance pour mieux gérer les employés et avoir une meilleure idée de leur rendement et de leur charge de travail.
Rassurez-vous, quand on dit que votre employeur met en place des outils de surveillance, on ne signifie pas qu’il vous regarde littéralement ou vous espionne. Il s’agit plus précisément de collecter des données, car on parle de surveillance virtuelle.
Des logiciels de gestion de projet permettent aussi d’avoir une idée sur le rendement et le respect des délais alloués à de nombreuses tâches. Ainsi, un gestionnaire est en mesure de savoir si les employés respectent les délais et travaillent assidûment.
Le sujet de la surveillance des employés et de la collecte des données sont souvent des sujets clivants. Qu’en est-il du droit à la vie privée des travailleurs canadiens? Que prévoit la loi? Et comment garder un équilibre dans les activités de surveillance et de supervision?
Votre employeur a-t-il le droit de vous surveiller en télétravail?
Dans une situation “normale”, à savoir le cas du travail au bureau, votre employeur a le droit de demander des comptes sur votre présence et votre efficacité au travail.
Le principe est le même en télétravail. En effet, votre employeur conserve son droit de surveillance de vos activités pendant votre journée de travail. Toutefois, vous avez droit à votre vie privée. Par exemple, si vous travaillez avec un ordinateur offert par votre employeur, celui-ci n’a pas le droit de vous surveiller par audio ou par vidéo.
Malheureusement, la loi encadrant les activités professionnelles en télétravail n’est pas claire. D’un côté, il y a la Charte des droits et libertés de la personne qui prévoit que toute personne a droit au respect de sa vie privée. D’un autre côté, le Code civil du Québec fait aussi mention de ce droit au respect de la vie privée. Ces deux lois limitent donc le nombre d’intrusions possibles d’un employeur dans votre vie privée en télétravail.
Quelles sont les activités les plus surveillées au travail au Canada?
Afin de mieux comprendre les habitudes de surveillance des employeurs et la position des employés canadiens face aux pratiques de surveillance, la firme Capterra a réalisé l’enquête Digital Monitoring en avril 2022. L’étude a été réalisée sur un échantillon représentatif des travailleurs canadiens.
Les résultats sont sans appel : plus de 80% des sondés abordent la présence des employés comme activité surveillée. Plus de la moitié des répondants parlent de la gestion du temps et de la charge de travail. Le tiers des répondants fait mention aux activités informatiques et le suivi du temps passé sur Internet.
Pour ce qui est des travailleurs québécois sondés, le quart d’entre eux ne savent pas s’ils font l’objet d’une surveillance de leur employeur.
Toutefois, rien d’alarmant puisque la récolte de ces informations ne va pas jusqu’à interférer avec les informations personnelles des employés.
Que pensent les employés des pratiques de surveillance?
L’enquête de Capterra montre que 65% des personnes interrogées pensent que la surveillance n’a pas d’effet tangible sur l’environnement de travail. Toutefois, 23% des employés sondés pensent que cette surveillance rend le lieu de travail moins invitant. Cette situation provoque souvent du stress au travail.
Même si les employés ressentent de la pression alors qu’ils sont surveillés au bureau, la majorité d’entre eux savent que cette surveillance est en place à des fins positives. Voici donc ce que pensent les sondés de ces pratiques :
- 47% des répondants pensent que ça améliore la productivité
- 25% pensent que ça permet le suivi des heures travaillées
- 13% pensent que ça contribue au suivi de la charge de travail
Si on devait plonger dans le détail, parmi les 35% restants, 16% pensent que la surveillance en milieu de travail les pousserait à travailler plus intensément et 19% d’entre eux travailleraient, au contraire, avec moins d’intensité.
Enfin, l’enquête nous apprend que la grande majorité des employés affirme être inquiète sur le respect de la vie privée et que ces outils de surveillance peuvent briser le lien de confiance entre employeurs et employés.
Voici une infographie offerte par Capterra Canada qui nous détaille les avantages perçus par les employés concernant les logiciels de surveillance.
Comment surveiller ses employés sans briser le lien de confiance?
Le télétravail et le travail hybride deviendront sans aucun doute une norme pour les prochaines années. Cela signifie que les pratiques de surveillance de la part des employeurs deviendront elles aussi courantes. L’enjeu de taille sera donc de maintenir la confiance des employés.
Pour ce faire, il faudra aux employeurs un vrai dialogue et l’obtention d’un consentement des employés. Les gestionnaires devront prévoir des plans pour communiquer au mieux les démarches et les différents aspects de la surveillance au travail.
Puisque les employés sont conscients que la surveillance permet dans certains cas de mieux organiser le travail et qu’en tant qu’employeur, votre volonté n’est pas de nuire à la vie privée de vos employés, la meilleure façon de contenter tout le monde est la communication.
Légalement, l’employeur n’a pas l’obligation de demander le consentement des employés quant à la surveillance électronique. Cela dit, informer les employés permet d’améliorer la culture d’entreprise et de renforcer la confiance des employés.
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